SB29 direction l'Europe

Eh bien, quelle saison, mes aïeux !
On pourrait presque en perdre la voix tant l’émotion est grande. Oubliées, les vingt-deux premières minutes de cette saison face au RC Lens, où le Stade Brestois 29 semblait encore chercher son souffle, balbutiant un football hésitant avant que la révolte, la vraie, celle du cœur et du courage, ne se lève du côté des Pirates. Oubliée aussi la descente aux enfers du début des années 90, cette terrible liquidation judiciaire de 1991 qui faillit faire sombrer tout un club, tout un peuple. En ce jour de gloire, le Président François Yvinec, là-haut ou ailleurs, doit assurément esquisser un large sourire.
Oubliées enfin les critiques — souvent fictives, parfois injustes — mais pas toujours ceux qui les ont proférées. Le terrain a rendu son verdict, et il a parlé fort, clair, avec la voix d’un groupe exceptionnel, uni, animé d’un cœur aussi grand que… que quoi, au juste ? Il n’existe pas de mot assez vaste dans la nature pour le dire. Si, peut-être : un cœur gros comme le peuple breton !

Eric Roy, entraîneur

Pour la première fois de son Histoire, née en 1950, le Stade Brestois 29 s’invite à la table des grands. Non pas dans n’importe quelle coupe, mais dans la plus prestigieuse de toutes : la Ligue des Champions !
Troisième du championnat au terme d’une saison haletante, Brest a dû attendre le coup de sifflet final du match entre Lille et Nice (2-2) pour enfin libérer sa joie. Une explosion d’émotions partagées au Stadium de Toulouse, avec les supporters venus de tout l’Ouest, drapeaux rouges et blancs brandis haut dans la nuit. Un moment historique, gravé à jamais dans le granit de la pointe bretonne. Oui, il y a du plijadur dans le Far West !
Joueurs, staff, dirigeants et supporters, tous ont retroussé les manches, bataillé semaine après semaine, sous la pluie, face au vent, avec cette foi inébranlable propre aux gens de mer. Ils ont mené cette mission avec bravoure, humilité et un cœur immense.

Alors oui, il y a eu des larmes — un peu, beaucoup, passionnément — lorsque les joueurs ont franchi les barrières pour rejoindre leurs supporters. Des embrassades, des chants, des rires, des anecdotes déjà légendaires. Une communion rare, presque sacrée, entre toutes les classes sociales, toutes les générations, toutes les croyances… ou aucune. Car ici, ce soir-là, tout Brest ne formait qu’une seule et même âme.

Le secret de cette réussite ? Il reste bien gardé dans le chaudron du Président Denis Le Saint, maître d’œuvre discret mais inspiré de cette aventure hors du commun. Pourtant, quelques fuites ont percé : les ingrédients de cette recette magique se nomment travailhumilitéenviesolidarité, et surtout camaraderie.
Ces mots simples, forgés dans le vent et le sel, ont porté les Pirates jusqu’à leur jour de gloire.

Oui, le jour de gloire est arrivé, ici, dans le vieux pays de nos pères, au bout de la terre, là où le football a désormais trouvé son phare : Brest, port d’attache des champions !

*SB29 - RC Lens 3-2 , R. Del Castillo 45+2 (P), 87 (P) - K. Lala 56 pour Brest - F. Sotoca 10, D. Machado 22

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