Oiseau de paradis
Je me souviens encore du jour où j’ai planté cette graine. Ce n’était rien de plus qu’un geste simple, presque anodin, un petit espoir déposé dans la terre, derrière une baie vitrée. Je savais que la floraison du Strelitzia reginae demandait du temps — six, parfois huit ans, disait-on — mais je n’imaginais pas alors que j’allais devoir attendre plus d’une décennie. Douze ou treize ans plus tard, voilà que la promesse s’est enfin accomplie : notre premier oiseau de paradis a fleuri cette nuit.
J’ai appris à aimer le Strelitzia à l’île de la Réunion, où sa floraison éclatante est presque une habitude. Ici, dans le froid breton, c’était un pari fou, presque une utopie. Et pourtant, cette nuit, au détour d’un regard, la magie s’est produite : une fleur s’est ouverte, fière, éclatante, comme un oiseau prêt à s’envoler.
Je ne suis pas un grand jardinier, loin de là. Mais cette plante m’a enseigné quelque chose d’essentiel : la patience. En jardinage, elle est reine, et sans doute l’une des plus belles vertus qu’on puisse cultiver. Attendre sans se lasser, observer sans forcer, accompagner sans vouloir maîtriser. Cette fleur, aujourd’hui, me rappelle que la patience mène souvent au bonheur — un bonheur simple, profond, partagé. Et peut-être qu’il en va ainsi de toutes les choses précieuses de la vie.

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Dominique