Nous avons appris à lire...

#7
"La Liberté, c'est l'homme. Même pour se soumettre, il faut être libre pour se donner, il faut être à soi."(1) L'Histoire est un éternel recommencement. Les guerres, les révolutions, les pandémies ont très souvent été à l'origine d'une prise de conscience collective de la situation d'une société moribonde. Il en va de même aujourd'hui avec des acteurs économiques et politiques qui prônent tout et son contraire... Hors, le 28 mars 1882 Jules Ferry instaure une obligation d'instruction à compter de trois ans pour tous les enfants vivants sur le territoire français. L'âge légal de scolarisation est poussé à seize ans révolu par une ordonnance de Charles de Gaulle le 6 janvier 1959. Et oui, le grand Charles gouvernait également par ordonnance !... Cette obligation d'instruction doit permettre la réflexion afin de "former l'esprit, la personnalité de quelqu'un par une somme de connaissances liées à l'expérience, à la vie, aux événements."(2). "D'autre part, sans instruction, il ne peut y avoir de développement possible, ni d'équité et de cohésion sociale"(3). Nous sommes allés à l'école...


Manifestation sur les retraites, Brest, 2019

Les sociétés, dans leur ensemble, ont permis une ouverture à l'éducation, et, de manière induite, à la lecture. "L'un des principaux effets secondaires de la lecture est qu'elle peut révolutionner notre vision du monde", explique Susan Elderkin au Huffington Post (4). Réfléchir n'est pas un acte de désobéissance nationale. La réflexion doit permettre le consensus inhérent à toutes décisions portant jugement de la vie d'autrui. Les peuples sont las des querelles politiciennes et lobbyistes, du diktat de l'argent. Le Monde paraît malade. La France paraît désabusée. La santé, l'éducation et l'écologie n'ont pas à suivre la vision étriquée en dent de "si..." d'une économie de marché. De justes mesures de confinement sont aujourd'hui imposées par un Etat qui restreint sa providence à ses fonctions régaliennes. La gestion des contradictions est, à priori, plus aisée que la physique quantique. L'addiction au pouvoir, aussi minime soit-t-elle, offre à celui qui en abuse les perspectives nauséabondes d'un retour à un colonialisme social. "L'être humain ne doit jamais cesser de penser. C'est le seul rempart contre la barbarie. Action et parole sont les deux vecteurs de la liberté. S'il cesse de penser, chaque être humain peut agir en barbare"(5). Nous avons appris à lire...


Mairie de Plouguerneau, Finistère

En cette période de disette de libertés individuelles, il est un mot qui est employé avec satiété ; discernement. Il s'agit, dans le cas qui nous concerne, de la "faculté d'apprécier sainement les choses ; intelligence, sens critique" (Larousse). Il paraît bien compliqué pour tout un chacun d'agir avec discernement lorsque du jour au lendemain, et parfois, d'une heure à l'autre, le blanc devient noir et inversement. Le tâtonnement mène à la confusion et parfois à l'aveuglement. La sensation procurée en est que la France se montre comme dépourvue de ses valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité. La France semble avoir été assassinée sur le billot d'une économie qui tend à nous échapper avant de nous écharper. Les bons comptes ne font pas toujours les bons amis. La dislocation apparente des valeurs affichées au fronton de nos mairies, la criminalisation des mouvements sociaux, le manque de sérénité d'une certaine classe politique doit nous inviter à la prudence. "Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes et des femmes, c’est dans l’esprit des hommes et des femmes que doivent être élevées les défenses de la paix. Constitution de l’UNESCO".



Si la tentation est forte de laisser se lézarder les frontons porteurs de notre identité, c'est qu'il y a cette méconnaissance de notre esprit de contradiction et de bienveillance. La centralisation d'un Etat paternaliste semble s'étonner de la capacité de son peuple à faire front. Ce n'est pas un hasard si le coq est devenu un symbole, non officiel, de la France. L'animal est majestueux, il inspire respect et bravoure. Le coq est ancré dans notre ADN. Des millions de personnes se lèvent tous les matins à son chant. Ces mêmes personnes que l'on trouve aux coins des rues dans les villages et les villes de France pour venir en aide à la collectivité. Une étude (...) montre que 38 % de la population des 15 ans et plus "donnent du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause"(6). L'Homme doit être libre de donner ce qu'il a de meilleur car il s'appartient encore. Elles/ils s'engagent comme une évidence, sans calcul. Il s'agit là d'une des plus grande richesses engendrées par notre société. L'action fraternelle permet de redonner de la couleur aux lettres qui vantent les valeurs d'une nation. 

(1) Jules Michelet, 1798-1874, Des Jésuites, 1843
(2) Définition du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
(3) BIE - 2002/2007 UNESCO
(4) 4 bienfaits de la lecture
(5) Hannah Arendt, 1906-1975
(6) Association et bénévoles

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