Huis-clos

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La vie se réalise autour d’instants privés ou non qui, liés les uns aux autres, raconte une histoire. Les actions que l’on réalise peuvent avoir des répercussions bien au-delà de notre imagination. C’est l’effet papillon ! Bien loin de moi l’idée de pointer du doigt la méprise d’un homme qui n’a pas su détecter ce 17 novembre 2019, dans la province de Hubei en Chine, ce qui pourrait être le patient 0 d’un virus que l’on baptisera Covid 19. Il n’en avait pas les moyens car cette forme de coronavirus était encore inconnue des scientifiques à cette époque. Depuis tout s’emballe. L’Organisation Mondiale de la Santé recense des malades à travers le monde. Le terme de pandémie est employé par l’OMS dès le 12 mars 2020. Face au virus la France déclare le pays en état de confinement général à compter du mardi 17 mars à 12h00.

Nordkapp

La première action à réaliser avant le huis-clos familial est de se rendre au supermarché, de satisfaire un besoin qui permettra de remplir le frigidaire afin de respecter les interdits. L'expérience a été riche en enseignements. Plus de pâtes, de jambon, de viande sous-vide, de pain ... Des caddies bondés, ou vide selon les choix culinaires, des discussions à la volé avec des personnes qui avait du mal à assimiler l'engouement de familles équipées de deux chariots à provisions en état de siège devant des rayons à réapprovisionner... Le témoignage de Christiane est éloquent. Cette jeune femme de plus de quatre-vingts ans, accrochée à son chariot, a connu les affres de la guerre, elle trouve pitoyable cette débauche d'énergie ! Acheter des produits frais étant l'objectif, il est atteint.


La vie est, inconsciemment ou non, une succession de report d'activités non urgentes à réaliser. Le huis-clos permet donc de repositionner ses exigences. Tonte de la pelouse, ménage de printemps réalisé pour une fois à la bonne période ! Travaux d'entretien, édification d'un mur en pierre sèche... Le quotidien s'organise cahin-caha pour certain, plus facilement pour d'autres. Vivre à la campagne est un gage de qualité qu'il n'est pas besoin de démontrer en rapport à ceux qui n'ont que quelques mètres carrés pour se mouvoir. Les balades pour sortir le chien sont très attendues. D'une moyenne de trois heures en temps normal, à gambader sur la grève ou les dunes, il faut, aujourd'hui, accepter qu'il faudra attendre quelques semaines avant de recommencer les folles cavalcades. 


L'ambiance ressentie est bonne. Il est loisible de percevoir le silence malgré les tondeuses ou autres outils de jardin. Les véhicules circulent avec parcimonie. Les plaques en fonte qui protègent les réseaux collectifs n'assènent plus leur clac-clac qui résonne dans la maison à chaque passage d'une voiture. Les personnes qui se rendent au supermarché du coin, profitent d'une balade et n'hésitent pas à échanger quelques mots tout en respectant des distances de sûreté. J'ai cette sensation de revenir très longtemps en arrière, à une époque dont je n'ai pas le souvenir. Le huis-clos a l'air de réveiller des vertus que l'on imaginait abandonnées pour de mauvaises excuses. L'Homme réveille ce qu'il a de meilleur. Il réveille son humanité, il prend conscience que derrière l'écran il y a des êtres vivants.


Pour permettre ce huis-clos, il y a des règles à respecter. Celles-ci sont rendues possible grâce à un certain nombre d'acteurs qui a travers le pays jouent un rôle primordial, parfois au risque de leur santé. Il y a bien évidemment les personnels de santé que l'on n'oublie pas d'applaudir tous les soirs à vingt heure. Il y a également cette chaîne humaine qui permet à chacun de se réapprovisionner, mais également de vider les poubelles, de porter le courrier, de continuer à éditer les quotidiens, de cultiver ou d'élever les animaux promis à l'abattoir, de construire des maisons, de veiller à notre sécurité... Ces actions sont réalisées très souvent sans pouvoir utiliser une des barrières efficace à la non prolifération. Le stock de près d’un milliard de masques chirurgicaux et de sept cents millions de masques FFP2 ayant disparu.

Le jour d'après, le soleil se lève à nouveau

Au sortir de ce huis-clos, lorsque la torpeur se sera estompée, que les morts seront enterrés, que les familles auront fait leur deuil d'un être cher, il faudra se rendre à l'évidence que notre société est en mutation. La gestion économique de la crise doit trouver son épilogue dans une gestion humaine de notre quotidien. Il y a un long travail à réaliser sur soi afin d'y parvenir. L'utopie pourrait laisser place à la réalité. Sans vouloir parler du gazouillis des oiseaux, ou de chanter que le ciel est bleu, il y a indubitablement un prise de conscience qui va engendrer les questions que nous sommes tous en droit de nous poser sur le quotidien de notre avenir.

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Huis-clos sur Plouguerneau (29)

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Dominique