Some Johnny Clegg

Il est des jours où l’on ne devrait pas se lever ! Garder la tête enfouie dans le sable ! Cela n’empêcherait pas le monde de tourner. Cela n’empêcherait pas, lorsque l’on tourne le bouton de la radio, de prendre connaissance des joies et des larmes de notre quotidien. Aujourd’hui c’est par l’intermédiaire d’une messagerie privée, liée à un réseau social, qu’un ami, un vrai, le type de personne avec qui j’ai plaisir à boire un café en terrasse ou une bière au zinc, que m’est parvenue la nouvelle de la retraite de Johnny Clegg.

Johnny Clegg
Réaliser un billet sur un artiste que je ne connais pas personnellement, peut paraître prétentieux voire très prétentieux. Il existe cependant des personnes, qui de part leur engagement, font un peu partie de la famille !
J’ai vingt-trois ans lorsque, pour la première fois, j’entends parler d’un certain Johnny Clegg et de son ami Juluka. Je ne connais rien de ces artistes ni de leur engagement et encore moins de leur vie. A l’époque, je vis à l’île de la Réunion. Internet n’existe pas et lorsque l’on téléphone en métropole, il faut attendre que l’un ait fini de parler pour que l’autre puisse prendre la parole.

Johnny Clegg et Mandisa Dlanga
Je ne regarde pas ou très peu les informations télévisés. De toute façon TF1, A2, RFO ou Télé Freedom ne parlent jamais de l’Afrique du Sud et de son système politique. C’est en échangeant avec les réunionnais que mon épouse et moi prenons connaissance de l’horreur qui sévit dans ce qui deviendra le pays multicolore.
Le zoulou blanc et sa musique prennent tout d’un coup une certaine importance, davantage de place dans notre sphère musicale. Je m’intéresse à l’artiste et à sa musique et par conséquence à ce qui se déroule dans sa terre d’accueil. Mes lectures me portent vers des hommes comme Botta, de Klerk mais et surtout sur les traces de Monseigneur Desmond Tutu ou encore Nelson Rolihlahla Mandela. J’assimile l’enfant de Bacup (R-U) au matricule 46664.



Ecouter Johnny Clegg, c’est prendre parti pour la libération de Madiba. Ecouter Johnny Clegg c’est militer contre l’apartheid. Je n’ai jamais participé à un rassemblement en faveur de Nelson Mandela. J’ai visité Capetown à l’époque où l’ancien détenu de Robben Island deviendra Président de la République d’Afrique du Sud. J’aurais aimé y rester une vie, prendre le temps d’aller sur les traces de notre histoire...
Aujourd’hui, Johnny Clegg annonce qu’il quitte la scène. Je me sens comme orphelin d’un parent qui n’est pas le mien et que je ne connais que par son engagement et sa musique. C’est Pascal qui me l’a annoncé. J’irai encore boire un café en terrasse ou une bière au zinc avec ce pourvoyeur de la mauvaise nouvelle musicale du jour.



J’aimerais à nouveau assister à un spectacle du joueur de concertina, en prendre plein les mirettes et attendre que Madiba entre sur scène.
Some Johnny Clegg (Au revoir Johnny Clegg)
Photos réalisées lors des Jeudis du Port à Brest (29) le 14 août 2014