Bruce Springsteen & the E Street Band

Hier soir à Paris... Bruce Springsteen & the E Street Band
Paris Match, Publié le 12/07/2016
Par Benjamin Locoge
Bruce Springsteen, le Boss, a livré avec le E Street Band un concert d'anthologie, lundi soir à Bercy.

Bruce Springsteen et Steve Van Zandt, lundi soir à l'Accorhotel Arena de Paris. Claire Delfino

Nous avions été prévenus: prière d’arriver tôt, le Boss sera sur scène vers 19h30. A 19h45, les lumières de l’Accorhotel Arena s’éteignent et voilà le boss qui se présente seul sur scène. Souriant, il s’installe au piano et attaque «Incident on the 57th St», immense ballade mélancolique de son deuxième album paru en 1973. On le sait, Springsteen aime surprendre ses fans. Rien de mieux donc qu’une chanson obscure, rarement interprétée pour lancer les débats. Huit minutes plus tard, le E Street Band le rejoint, pour cette fois jouer une autre rareté, «Reason to believe», la chanson qui clôture «Nebraska», son disque le plus sombre. Ce soir, le groupe la joue avec une folle intensité, lui donnant des consonances blues. Steve Van Zandt, boucle d’oreilles, bandana et cape noire sur les épaules, vole presque la vedette à Bruce, en se lançant dans le premier solo de la soirée. En deux chansons on sent déjà que le concert va être exceptionnel. «Badlands» arrive ensuite, lançant officiellement le concert. La salle chavire enfin, le refrain est repris en chœur: le E Street Band a de l’énergie à vendre et il va le prouver. Springsteen et ses musiciens vont alors rappeler pourquoi ils sont là.
 
Cette tournée 2016 a démarré aux Etats Unis en janvier dernier sous le titre «River Tour 2016», et chaque soir le groupe interprétait le disque dans son intégralité. Depuis les premiers concerts européens, les musiciens avaient pris le parti de jouer plutôt un best of que ce disque mythique. Mais à Paris, premier concert européen dans une salle couverte et non dans un stade, le Boss retourne à cet album paru en 1980. «The Ties that bind», «Sherry Darling», «Jackson Cage»... les chansons défilent, toutes jouées avec ferveur. Le plus réjouissant à voir est cette communication évidente entre les musiciens: un regard permet un enchaînement, Springsteen appelle Patti Scialfa, son épouse, pour partager le micro avec lui, se retourner vers Max Weinberg, le batteur, pour lui faire signe de maintenir le tempo.
 
Durant un trio de ballades mélancoliques, Paris frissonne
 
«Death to my hometown», chanson récente, vient s’inclure au milieu de celles de «The River», pause bienvenue, folklorique, pour mieux replonger ensuite dans le vif du sujet. Car «The River» est un album dense, mais triste. «Independance Day», «The River» et «Point Blank» sont des sommets d’écriture. Springsteen y raconte des histoires d’Amérique perdue, qui croit encore à son propre rêve. Evidemment, cela ne se termine jamais bien. Et quand le tempo baisse pour laisser place à ce trio de ballades mélancoliques, Paris frissonne.
Bruce Springsteen sur la scène de la Paris Accorhotel Arena, lundi soir. Claire Delfino

Entre temps, Bruce s’offre une parenthèse acoustique en solo, le temps de «Nebraska» pour mieux rappeler qu’il est le plus grand songwriter de sa génération, celle qui est arrivée juste après Bob Dylan. Avec 14 titres de «The River» interprétés, le E Street Band a largement rempli ses promesses: il est encore possible plus de 30 ans après la sortie d’un disque de le faire sonner avec classe et puissance. «Land of hope and dreams» dont on se passerait volontiers clôture 2h45 d’un premier set magistral. On sent la fin proche. Et on se trompe. Au rappel, «Jungleland» fait vibrer les 18 000 spectateurs parisiens. «Born to run», repris par toute la salle, est un peu bâclé. Mais «Ramrod» arrive et là, catastrophe. Le système de sono et de lumière saute d’un coup, jetant les musiciens dans l’inconnu. Certains attendraient en coulisses que le courant revienne. Pas le E Street Band. Springsteen attrape une pancarte pour demander patience. Et promet qu’ils vont continuer.
 
Pendant que le groupe continue de jouer, il s’installe au milieu de ses fans et signe des autographes. Moment magique! Quinze minutes plus tard, les lumières et la vidéo ne fonctionnent toujours pas. Mais le son est de retour. «Nous n’allons pas nous arrêter là», promet Springsteen. Effectivement non: «Dancing in the dark», «Tenth Avenue Freeze Out» ou encore «Bobby Jean» sont lancés à vive allure. Mais ce sera surtout une reprise délirante de «Shout» des Isley Brothers qui rendra la salle complètement folle. Dix minutes durant, le groupe s’amuse des clichés rock et retourne définitivement Paris. Le E Street Band sort de scène sous les acclamations. Bruce lui reste devant son public et attrape une guitare acoustique. Il clôture l’affaire sur «Thunder Road» seul en scène. Et lance «A mercredi» avant de partir. Le compteur affiche 23h33, soit 3h48 de show. Un concert d’anthologie on vous dit…

Setlist du 11 juillet, Paris Accohotel Arena
 
1/ Incident on 57th St
2/ Reason to believe
3/ Badlands
4/ Into the fire
5/ The ties that bind
6/ Sherry Darling
7/ Jackson Cage
8/ two hearts
9/ independence day
10/ Hungry Heart
11/ Out in the street
12/ Crush on you
13/ You can look (but you better not touch)
14/ Death to my hometown
15/ Nebraska
16/ The River
17/ Point blank
18/ Cadillac Ranch
19/ I’m a rocker
20/ Darlington’ County
21/ Tougher than the rest
22/ Drive all night
23/ Beacuse the night
24/ The rising
25/ Land of hope and dreams
26/ Jungleland
27/ Born to run
28/ Ramrod
29/ Dancing in the Dark
30/ Tenth avenue freeze out
31/ Shout
32/ Bobby Jean
33/ Thunder road

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