Ecosse, de Mallaig à Skye puis Gairloch

28–29 juillet 2018, Arrivée sur l’île de Skye

Nous avons la chance d’embarquer sur le premier ferry du matin en direction d’Armadale, sur l’île de Skye. Les lumières de l’aube caressent la mer, et la traversée se fait dans un silence presque religieux, seulement troublé par le bruit du vent et des vagues contre la coque. L’air est salé, vif, prometteur d’aventure. En débarquant, nous sentons déjà que cette île nous réserve bien des surprises.

Mallaig

Notre idée initiale est simple : rejoindre Elgol pour nous poser un peu. Voyager avec sa maison sur le dos – Jacqueline, notre fidèle fourgon – demande parfois des tâches moins poétiques : faire une lessive, ranger, nettoyer. Arrivés tôt dans le petit port d’Elgol, nous nous installons discrètement pour remettre notre petit monde en ordre. Le bruit des machines, le cliquetis de l’eau, contraste avec la vue grandiose sur la péninsule de Strathaird.

Mais l’appel de l’exploration est plus fort. Sitôt libres, nous partons à la découverte de cette extraordinaire pointe de terre battue par les vents. Au bout du bout du chemin, face à nous, l’île inhabitée de Soay. Son nom vient du vieux norrois sauða-ey, « l’île des moutons ». On comprend vite pourquoi : les moutons sont ici les véritables maîtres des lieux. À droite se dresse le majestueux Sgùrr Alasdair, sommet sombre et abrupt, veillant silencieusement sur les eaux.

Depuis Elgol

La nuit venue, nous dormons sur le parking du Elgol Hall, bercés par le souffle du vent et le clapotis au loin. Pas un bruit, pas une lumière, simplement l’impression d’être seuls au monde.

Le lendemain, nous continuons notre exploration à travers la campagne de Strathaird. La nature nous enveloppe de ses parfums d’herbe mouillée et de tourbe. Nous marchons sans objectif précis : ici, les promenades ne se comptent pas en kilomètres mais en émerveillements. Chaque virage offre une nouvelle vue sur la mer, les falaises, les pâturages. Le temps semble suspendu. Nous profitons du paysage jusqu’aux dernières lueurs du jour, comme pour ne rien perdre de cette magie avant de reprendre la route.


30–31 juillet 2018, Dunvegan : phoques, château et pluie horizontale

Lever aux aurores. Par les routes sinueuses, nous gagnons Dunvegan, avec l’envie de visiter son château... mais pas seulement. Le soleil est là, rare et généreux, et un adage local nous revient : « Quand le soleil se montre, on sort ! »

Nous longeons le loch Dunvegan. Les eaux miroitent, et bientôt, une silhouette sombre apparaît sur un rocher... puis une autre. Nos premiers phoques ! Allongés comme de vieux capitaines prenant le soleil, ils nous observent d’un œil nonchalant. Plus loin, un groupe de cerfs, élégants et fiers, profitent eux aussi de cette météo bénie. Le paysage semble peint.

Puis, place à la visite du château de Dunvegan. Une immersion dans l’histoire du clan MacLeod, l’un des plus puissants des Highlands. Construit partiellement au XIIIᵉ siècle, accroché à son rocher, il respire des siècles de combats, de légendes et de loyauté. À l’intérieur, tapisseries, portraits et objets racontent la vie du clan. La visite se poursuit dans les jardins, créés au XIXᵉ siècle : cascades, rhododendrons géants, couleurs éclatantes... un véritable écrin botanique.



De retour sur la route, nous découvrons qu'une famille espagnole a tenté de s’aventurer trop près du rivage avec sa voiture et se retrouve coincée. Quelques manœuvres, un peu d’huile de coude, et nous les sortons de là. Sourires, remerciements… et une bonne dose d’adrénaline !

Le soir, direction The Dunvegan, un pub au charme indéniable. Décoration à l’anglaise, ambiance chaleureuse, fish & chips digne d’un 5 étoiles. Et un événement important : c’est l’anniversaire de Yet ! La soirée se termine sur le site de Trumpan, où nous assistons au coucher du soleil, doux et doré, avant que la fatigue ne nous rattrape.


Le lendemain, une randonnée nous mène jusqu’au Waternish Lighthouse. Nous partons sous un soleil éclatant… qui se cache quinze minutes plus tard. Les moutons nous regardent interloqués alors que nous enfilons nos tenues de pluie dans une anfractuosité du relief. La pluie fouette, le vent nous repousse, mais nous avançons. Au phare, une éclaircie nous permet de manger en observant les phoques au pied de la falaise. Instant de grâce.


Sur le chemin du retour, le vent redouble. Nous progressons arcboutés, presque couchés face à la bourrasque. Jacqueline apparaît comme un mirage, et au moment où nous l’atteignons, le soleil revient. Café brûlant, vêtements qui sèchent au vent, lecture paisible… le bonheur simple.

Waternish Lighthouse

01 août 2018, Portree et question existentielle : Harris & Lewis ou pas ?

Cap sur la distillerie Talisker. Pas de précipitation. Nous profitons, savourant les paysages grandioses. Nous nous arrêtons pour déjeuner face au Old Man of Storr. Accompagnés par un petit groupe de chèvres curieuses, nous reprenons la route jusqu’au Duluth Castle, puis hésitons à embarquer pour les îles Harris et Lewis. Mais un immense nuage noir met fin à la tentation.

Nous rejoignons Portree, la « capitale » de Skye — environ 2 400 habitants. Portree avec ses maisons pastel alignées le long du port, ses petites boutiques et son rythme paisible. Le soir, nous gagnons Carbost pour nous installer pour la nuit.


Portree

02 août 2018, Talisker & Eilean Donan Castle

Visiter la distillerie Talisker, sur l’île de Skye, c’est plonger au cœur de la culture écossaise. Dans ce lieu où la mer, le vent et les montagnes se rencontrent, on découvre un savoir-faire ancestral. Chaque étape de la fabrication du whisky révèle l’importance des traditions et du lien intime entre le produit et son territoire. Cette visite n’est pas seulement une découverte gustative, mais une véritable rencontre avec l’âme du pays. Ainsi, visiter la distillerie, c’est bien plus que découvrir les secrets du whisky. C’est comprendre une partie de l’âme de l’Écosse, une culture qui unit nature, tradition et caractère. C’est un moment où l’on se sent invité à partager un fragment de ce pays fier et mystérieux.


Il s'agit de notre dernière visite sur l'île que nous quittons en franchissant le pont qui nous mène à Kyle of Lochalsh. Sur la route, nous croisons un troupeau de vaches des Highlands, majestueuses, l’air placide, les longs poils dansant dans le vent. Nous restons longtemps à les observer.


Quelques kilomètres plus loin, Eilean Donan Castle apparaît. On comprend pourquoi il est devenu un symbole de l’Écosse et le décor de nombreux films — dont Highlander. La pierre semble vibrer d’histoires de guerres, de clans, de légendes. C'est avant tout l’un des symboles les plus emblématiques de l’Écosse. Dressé sur un îlot rocheux, au croisement de trois lochs, il semble surgir hors du paysage comme une sentinelle du passé. Entouré d’eau et relié à la terre par un petit pont de pierre, le château impose sa silhouette austère et élégante, marquée par des siècles d’histoire. Lieu stratégique dès le Moyen Âge, Eilean Donan fut témoin des grands conflits écossais, notamment lors des rébellions jacobites. Restauré avec passion au début du XXᵉ siècle, il incarne aujourd’hui l’esprit de résilience et de fierté du pays. Ses murs, ses salles et ses vues panoramiques racontent l’Écosse à travers ses légendes, ses combats et son attachement à sa terre.


Ne pouvant y passer la nuit, nous roulons jusqu’à Balmacara, le cœur plein d’images.

03 août 2018, direction de Cape Wrath

Nous prenons la route du nord, direction le phare de Cape Wrath. Une route difficile, mais pleine de promesses. Très vite, une première rencontre : un groupe de cervidés traverse les landes avec élégance, puis disparaît entre les collines.


Nous prenons la route du nord, direction le phare de Cape Wrath. Une route difficile, mais pleine de promesses. Très vite, une première rencontre : un groupe de cervidés traverse les landes avec élégance, puis disparaît entre les collines.

Plus loin, le village de Gairloch nous surprend. Des phoques jouent dans le port, les maisons colorées se reflètent dans l’eau. Et sur la façade d’une maison, une citation : "I do not agree with what you have to say, but I'll defend to the death your right to say it." – Voltaire.  ("Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." – Voltaire.)

Une ode à la liberté, comme un clin d’œil inattendu à notre propre voyage.



👉 Bilan de cette seconde semaine :

L’île de Skye porte bien son surnom : The Misty Isle, l’île brumeuse.
En une semaine, nous avons tout traversé : le soleil éclatant, la pluie horizontale, le vent qui vous pousse de côté, les éclaircies soudaines qui transforment un paysage en carte postale. Sur Skye, la météo n’est pas un détail : elle fait partie du voyage.

Récapitulatif des nuitées :

28 juillet 2018 : Elgol, Skye
29 juillet 2018 : Elgol, Skye
30 juillet 2018 : Trumpan, Skye
31 juillet 2018 : Trumpan, Skye
01 août 2018 : Carbost, Skye
02 août 2018 : Balmacara
03 août 2018 : Gairloch

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