Ecosse, de Roscoff à Mallaig
21 juillet 2018 – En route vers l’Angleterre
Nous voici fin prêts à embarquer à bord de l’Armorique, le ferry de la compagnie Brittany Ferries qui a la noble tâche de nous faire traverser la Manche jusqu’à Plymouth. Sur l’immense parking du port Alexis Gourvennec à Roscoff, nous patientons au milieu d’une armée de véhicules, camping-cars et poids lourds mêlés, tous animés du même but : voguer vers l’outre-Manche.
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| A l'appareillage nous croisons le Mondara Mad, comme un signe du destin... |
La traversée est annoncée pour cinq heures, de 15 h à 20 h. La mer est calme, le vent léger, et la silhouette de la Bretagne s’éloigne peu à peu à l’horizon. À notre arrivée, l’horloge affiche 21 h ! Pas de panique : pas d’erreur de navigation, simplement le décalage horaire britannique. Nous venons officiellement de poser le pied au Royaume-Uni, terre de bus rouges, de pubs chaleureux et de conduite… à gauche !
Avant de prendre la route, une première escale s’impose : le bureau de change de Brittany Ferries, installé au premier étage du bâtiment de briques rouges qui sert de gare maritime aux voyageurs d’outre-Manche. Nous aurions certes pu échanger nos euros contre des livres sterling avant le départ, mais ici aucune commission n’est prélevée, et la jeune hôtesse au sourire lumineux rend la transaction aussi agréable qu’efficace.
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| Arrivée à Plymouth |
Quelques billets plus tard, nous rejoignons notre fidèle compagne de route : Jacqueline, notre fourgon. Elle arbore fièrement son panneau "I drive on the left", une précaution indispensable pour éviter toute erreur de trajectoire sur ces routes inversées !
Les premiers kilomètres se font prudemment : les ronds-points se prennent dans le sens des aiguilles d’une montre, et la signalisation au sol rappelle sans cesse le bon côté de la chaussée. Heureusement, Virginie, notre GPS, veille au grain. Le plus déconcertant reste sans doute le système impérial : les miles, yards et pouces remplacent nos repères familiers. Ici, un kilomètre fait 1,609 mètre, ce qui change un peu la donne. Fort heureusement, nous avions prévu une abaque de conversion pour ne pas nous y perdre.
Nous voilà lancés, direction le nord. Objectif : l’Écosse, cette terre de légendes, de lochs mystérieux et de montagnes embrumées. Devant nous, 507 miles à parcourir jusqu’au Loch Lomond. La première nuit se fera sobrement, sur une aire proche de Exeter, le long de la M5. Le voyage ne fait que commencer.
22–23 juillet 2018 – En route vers les Highlands
Notre première vraie journée britannique est placée sous le signe de la route. Les paysages défilent : collines verdoyantes, cottages de pierre, champs ponctués de moutons paisibles. La traversée de Glasgow marque un tournant : l’atmosphère urbaine laisse place à la campagne écossaise, et bientôt, le vert des Highlands s’impose.
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| Entrée de la West Highland Way |
Nous atteignons Drymen, dans le district de Stirling, petite bourgade nichée à deux pas du Loch Lomond. Le soir venu, nous trouvons refuge à l’orée d’un bois, juste à côté d’un sentier discret. Ce chemin n’est autre qu’un accès à la West Highland Way, célèbre itinéraire de randonnée long de 184 km reliant Glasgow à Fort William. Nous sommes sans le savoir au cœur d’un des parcours les plus mythiques d’Écosse.
Le lendemain, cap sur Conic Hill, dont le sommet offre une vue spectaculaire sur le Loch Lomond. De là-haut, le lac s’étire comme un miroir d’argent entre montagnes et forêts. La nature est grandiose, le silence presque sacré.
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| Vue sur le loch Lomond depuis Cornic Hill |
Nous reprenons ensuite la route vers Luss, charmant village au bord de l’eau. Avec ses cottages fleuris, ses ruelles pavées et sa petite église en pierre, il semble tout droit sorti d’une carte postale. Luss abrite les terres ancestrales du clan Colquhoun, établi ici depuis le XIIIᵉ siècle grâce à une charte du comte de Lennox. Leur devise, “If I Can”, “Si je puis”, remonte au XVe siècle : Sir Alexander Colquhoun, quinzième chef du clan, reprit alors le château de Dumbarton sans verser de sang. Cette devise symbolise à elle seule la persévérance écossaise. Nous passerons la nuit ici, bercés par la quiétude du loch et un doux crachin du soir.
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| Luss |
24 juillet 2018 – De Luss à Bridge of Orchy
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| Bridge of Orchy |
Les paysages deviennent plus sauvages : montagnes veloutées, vallées silencieuses, brumes mouvantes. Une balade improvisée nous mène sur les traces de quelques biches peu farouches, curieuses mais sereines. Ici, la nature règne en maître. Les collines couvertes de bruyères semblent se perdre dans la brume, et la faune nous observe, immobile, comme les gardiens silencieux de ces terres sauvages. Nous suivons les traces d'un groupe de biches et de faons que nous apercevons de loin en loin, savourant cet instant suspendu au milieu de nulle part. Le soir venu, un coucher de soleil flamboyant embrase les crêtes de la Black Mount : la carte postale parfaite, un moment d’une beauté simple, presque irréelle.
25–26 juillet 2018 – Fort William et l’ascension du Ben Nevis
Nous repartons au matin, direction Fort William, nichée sur les rives du Loch Linnhe. Avant d’y parvenir, une halte s’impose pour une randonnée aux Steall Waterfalls : une cascade majestueuse lovée au fond d’une vallée verdoyante. L’endroit dégage une sérénité rare, comme si le temps s’y arrêtait.
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| A proximité immédiate de Steall Waterfalls |
À Fort William, nous faisons quelques emplettes et trouvons un coin tranquille à Caol pour la nuit. Au loin, la goélette à hunier Abel Tasman glisse dans la lumière du soir en direction de loch Eil, une vision de voyage et de liberté. Nous la regardons s’éloigner avant de sombrer dans un sommeil bien mérité : demain, une montagne nous attend.
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| Sur le toit du Royaume-Uni |
Le Ben Nevis, point culminant des îles britanniques avec ses 1 345 mètres, porte bien son nom gaélique : “la montagne qui a la tête dans les nuages”. L’ascension, longue mais sans grande difficulté, se transforme en défi sous un soleil inattendu. Dix heures de marche au format balade et contemplation, un casse-croûte royal au sommet et une glace bien méritée à l’arrivée — le bonheur simple du voyageur comblé. Nous regagnons Caol, fourbus mais heureux.
27 juillet 2018 – En direction de l’île de Skye
Nouvelle journée, nouveau décor. Nous mettons le cap sur Mallaig, d’où partira le ferry pour l’île de Skye. En chemin, halte incontournable à Glenfinnan, célèbre pour son viaduc enjambé par le Jacobite Steam Train, rendu célèbre par… Harry Potter. Comme de grands enfants, nous patientons, appareil photo prêt, jusqu’à voir le train s’engager majestueusement sur le pont, sifflant dans la brume — un instant magique.
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| Jacobite Steam Train |
La route reprend, sinueuse, bordée de lochs et de collines. Nous atteignons Mallaig en soirée, petit port de pêche tranquille tourné vers les Hébrides. Le soleil couchant embrase la mer d’un éclat doré. Demain, Skye nous attend, sauvage, mythique, indomptable.
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| Coucher de soleil sur Skye |
👉 Bilan de cette première semaine :
Des routes impeccables, une conduite à gauche finalement moins perturbante que prévue, des paysages de plus en plus sauvages, et l’impression d’entrer peu à peu dans un autre monde.
Prochaine étape : l’île de Skye, entre mer, landes et brumes.
Récapitulatif des nuitées
Ecosse, de Mallaig à Skye puis Gairloch












Commentaires
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Dominique