Ecosse, de Gairloch à Caol, Fort William

04 août 2018

Comme depuis quelques jours déjà, nous reprenons la route sans destination précise, laissant le hasard décider de notre point de chute pour la nuit. À peine avons-nous parcouru quelques kilomètres que nous nous retrouvons à nouveau sur le bas-côté : un phoque, nonchalamment installé sur un rocher, semble rejouer une scène de La Petite Sirène entre Laide et Sand. Nous restons un moment à l’observer, amusés par sa pose théâtrale, comme s’il posait rien que pour nous.

À peine repartis, c’est une biche élancée qui nous arrête, pas très loin de Gruinard. Elle reste immobile, plantée au milieu du décor, nous fixant de ses yeux immenses et curieux, comme si elle nous invitait à rester un peu plus longtemps. Avec toutes ces rencontres impromptues, notre progression est... disons, lente. Mais ce n’est pas un problème, bien au contraire : nous avons tout le temps du monde.

La route se poursuit, tranquille, un peu cahotante, serpentant entre collines et rivages. Nous traversons des bourgades toutes plus charmantes les unes que les autres, où les maisons semblent posées là comme des cartes postales. Nous longeons plusieurs lochs, dont le majestueux Loch Broom qui mène jusqu’à Ullapool, petit port animé lové entre montagne et mer. Puis, la route nous entraîne au cœur de la réserve naturelle nationale de Knockan Crag, où la géologie raconte une histoire vieille de millions d’années.

Partout où nous posons les yeux, les paysages semblent se dépasser eux-mêmes, oscillant entre terre et mer, entre douceur et sauvagerie. Les couleurs changent à chaque virage, la lumière joue avec les reliefs et nous, petits points dans cette immensité, ne pouvons que nous émerveiller.

Château d’Ardvreck

Et, comme souvent, le hasard fait bien les choses. Sans que nous ne l’ayons prévu, il nous conduit jusqu’aux rives du loch Assynt. Là, se dresse en silence le château d’Ardvreck, vestige de pierres battu par les vents, jadis propriété du clan MacLeod. La vue est spectaculaire, l’atmosphère presque irréelle. C’est ici que nous décidons de passer la nuit. Et une fois de plus, c’est le paysage qui a choisi pour nous.

🏰 ARDVRECK CASTLE - Siège des MacLeod d’Assynt

Construit par Angus MacLeod au cours de la seconde moitié du XVe siècle, Ardvreck Castle commença comme une tour fortifiée simple de trois étages. Vers 1590, Donald MacLeod fit agrandir le bâtiment en ajoutant une aile basse, contenant des caves voûtées et une grande salle au premier étage.

La pierre utilisée pour la construction provenait probablement des affleurements rocheux du promontoire. Le château était accessible par une entrée au rez-de-chaussée, protégée par une porte solide. Les étages supérieurs contenaient des chambres d’habitation.

Ardvreck fut associé à de nombreux épisodes violents : meurtres, exécutions et même trahison. En 1650, les MacLeod capturèrent James Graham, Marquis de Montrose (un chef royaliste), et le livrèrent aux autorités. Quelques décennies plus tard, au XVIIe siècle, le clan des Mackenzie s’empara du château. En 1795, Ardvreck fut gravement endommagé par la foudre et ne fut jamais reconstruit.

05 août 2018

Réveil à 5 heures du matin, né d'une intuition, presque un appel silencieux venu de l’extérieur, nous pousse à ouvrir les volets. À peine un mince rai de lumière ne s’infiltre-t-il dans la pièce que nous distinguons trois silhouettes imposantes. Là, à quelques mètres seulement de Jacqueline, trois cerfs profitent du calme de l’aube pour brouter paisiblement. Leur présence semble irréelle, comme une scène sortie d’un rêve. Le silence est total. Nous retenons notre souffle, appareil photos en bandoulière, et hop nous nous faufilons dehors sans faire craquer le moindre gravier.

Les cerfs lèvent la tête d’un même mouvement, leurs bois majestueux se découpant dans la brume, puis, décidant que nous ne sommes pas une menace, ils reprennent leur petit-déjeuner. Le simple fait de pouvoir les observer ainsi, dans cette tranquillité absolue, donne l’impression d’être le témoin privilégié d’un moment suspendu.

Nous reprenons ensuite notre voyage sur la Route 500, cette route mythique surnommée parfois « la Route 66 écossaise », ou encore l’équivalent de notre Nationale 7. Une bande d’asphalte sinueuse qui relie les paysages les plus sauvages des Highlands. À chaque virage, de nouvelles merveilles : des lochs immobiles comme des miroirs, des montagnes dénudées battues par le vent, des étendues d’herbes rousses où l’on pourrait croire que le monde s’arrête.

Nous faisons une courte halte près de Kylesku, surplombant ses eaux profondes où le silence semble absorber chaque bruit. Il faudrait pouvoir s’arrêter partout, s’imprégner de chaque panorama, mais dans ce pays, chaque point de vue mérite un tableau. À ce rythme, nous mettrions des semaines à parcourir la route ; seuls les plus courageux, ou les rêveurs invétérés, pourraient imaginer la réaliser à pied.

Cape Wrath approche. Notre objectif du jour n’est plus qu’à quelques miles. Avant de l’atteindre, arrêt technique : un petit port isolé où l’on remplit nos réserves d’eau, au milieu des quelques bateaux de pêcheurs encore endormis. L’air sent le sel et l’aventure.

Nous arrivons finalement à Kyle of Durness, point de départ de la navette pour Cape Wrath. Il est fortement déconseillé d’y aller avec son propre véhicule : la route de la péninsule n’est pas simplement étroite, elle est cabossée, défoncée, parfois réduite à une simple trace entre les tourbières. Et détail non négligeable : l’excursion ne se paie qu’en monnaie. Pas de carte bancaire, pas de chèques,  uniquement de la monnaie. Nous devons faire un aller-retour express jusqu’au village de Durness pour trouver un distributeur, sous peine de voir notre expédition tomber à l’eau… littéralement.

Une petite barque nous fait traverser le bras de mer. Le vent fouette nos visages, l’eau clapote contre la coque, et déjà l’impression d’être au bout du monde se fait sentir. De l’autre côté, un véhicule tout-terrain nous attend. Nous nous entassons à une dizaine, chien compris, dans l’habitacle cahotant. La piste n'est qu’une succession de secousses ; chaque nid-de-poule nous rappelle pourquoi personne ne vient ici par hasard. Cape Wrath se mérite.

Au terme de ce parcours mouvementé, le phare surgit enfin. Le phare de Cape Wrath.
Solitaire, dressé face aux éléments, il garde son cap depuis 1828. Conçu par le célèbre ingénieur écossais Robert Stevenson, il fait partie des plus de 200 phares qui veillent sur la côte écossaise. Sa tour en pierre taillée, solidement ancrée dans la roche, semble défier vents et tempêtes depuis toujours. Les bâtiments adjacents ont été construits avec de lourds blocs de granit extraits tout près, à Clash Carnoch, comme si le phare avait jailli du paysage lui-même.

Cape Wrath marque le point le plus au nord-ouest de l’Écosse continentale. Son nom provient du vieux norrois et signifie "virage" : c’est ici que les navigateurs vikings viraient de bord pour rentrer vers leurs terres. On imagine alors leurs drakkars battus par les vagues, tournant au pied de cette falaise battue par les vents.

Le site est classé Site d’Intérêt Scientifique Particulier et Zone de Protection Spéciale pour les oiseaux. Ici, nature et isolement règnent. Les cris des oiseaux marins remplacent les bruits humains, le vent est roi, et l’horizon semble infini. Face à l’immensité de l’Atlantique Nord, on comprend que certains endroits n'ont pas besoin de mots. Ils demandent seulement qu’on les vive.

Après cette superbe expédition, le cœur encore rempli d’images grandioses et de vent salé, nous reprenons la route. Les kilomètres défilent au rythme des panoramas changeants : tourbières rousses, montagnes aux formes douces, lochs étincelants sous la lumière du soir. Nous partons à la recherche d’un endroit où passer la nuit, un coin paisible pour nous remettre de toutes ces émotions. Finalement, c’est dans le district de Tongue, blotti au bord d’un estuaire tranquille, que nous trouvons notre havre pour la soirée.

06 août 2018

Nos promenades nous conduisent décidément toujours vers des lieux étonnants, presque irréels. Ici encore, au détour d’un sentier, le paysage s’ouvre et nous offre une vue imprenable. Sous un soleil timide, qui peine à percer les nuages en effleurant d’une lumière douce les collines alentour, se dessine le château de Varrich. Perché sur son éperon rocheux, il domine fièrement le Kyle of Tongue, semblant veiller depuis des siècles sur le bras d’eau qui serpente en contrebas. Ses murs, rongés par le temps et les vents venus de l’Atlantique, racontent des histoires de guet et de solitude. Face à cette scène, nous restons un instant immobiles, simplement absorbés par la beauté brute et silencieuse des Highlands.

Château de Varrich

Mais il nous faut poursuivre notre aventure : tant de lieux restent encore à découvrir, tant de routes à emprunter. Nous décidons de faire halte à Bettyhill, un petit village installé entre collines et plages, où le temps semble s’écouler plus lentement. L’endroit est accueillant, presque intime, et une envie soudaine nous traverse : savourer un café sur la place du village, au milieu de la vie locale.

Le Bettyhill Gala vient tout juste de se terminer, nous sentons l’effervescence encore suspendue dans l’air. Quelques décorations battent encore au vent ; on perçoit des éclats de voix, des rires qui témoignent du moment de fête qui vient de s’achever. On imagine les habitants défilant dans les rues, les chars décorés, les jeux sur la plage, les familles rassemblées : cette énergie positive flotte encore tout autour de nous.

Après cette agréable pause, nous reprenons la route, direction Sandside Bay, près de Thurso. La pluie, fidèle compagne, cesse comme par magie au moment où nous nous installons sur notre spot du soir. Un rayon de soleil perce les nuages, réchauffant doucement Jacqueline, notre fidèle fourgon, tandis que le vent se charge de la sécher complètement.

Nous partons explorer les alentours. Devant nous, une longue bande de sable blanc borde l’Atlantique, presque irréelle sous cette lumière de fin de journée. L’océan respire à grands mouvements, puissant et parfaitement indompté. En suivant la côte, nous rejoignons les falaises via le petit port de Fresgoe, un lieu discret enclavé dans la roche, encore marqué par le passage des pêcheurs.

C’est là que nous faisons une nouvelle rencontre : nos premiers fulmars. Ils planent au-dessus des vagues, presque sans effort, leurs ailes épousant le vent avec une élégance fascinante. Nous les observons longuement, comme hypnotisés par leur vol silencieux. Devant ce spectacle simple mais grandiose, nous avons l’impression d’être seuls au monde, au bord du continent, face à l’immensité.

07 août 2018

Aux premières lueurs du jour, nous retournons flâner sur la plage, bercés par le ressac et la fraîcheur matinale. Le sable encore tiède de la nuit garde l’empreinte du silence. Sur le chemin, nous faisons la rencontre inattendue d’un vieil homme charmant, Gerard Devinereay. D’une voix douce mais passionnée, il nous raconte les combats menés contre l’activité nucléaire de Dounreay, tout près d’ici. Il nous met en garde contre la présence de particules radioactives disséminées sur certaines plages. Un témoignage troublant, mais porté avec tant de sagesse qu’il laisse une impression durable.

Nous poursuivons notre balade et retrouvons avec joie nos fidèles compagnons du moment : les fulmars, planant au-dessus de l’eau avec une grâce presque irréelle. Un dernier café savouré les pieds dans le sable, et nous reprenons la route, direction John o’ Groats, le bout du monde écossais. Devant nous : les Orcades… et, qui sait, peut-être encore quelques surprises sur la route.


Dunnet Head

Notre première halte a lieu à Brough Bay, sur la côte du Caithness. Ce petit port a été construit en 1830 pour permettre l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction du phare de Dunnet Head, le point le plus septentrional de la Grande-Bretagne. Avec le temps, Brough Bay est devenu un port de travail pour les pêcheurs locaux : pêche au homard, à la ligne, ou au filet de saumon.

Certaines embarcations venaient même de l’île voisine de Stroma. Les pêcheurs utilisaient alors de longues lignes parsemées de hameçons. La prise du jour était ensuite partagée équitablement entre les membres de l’équipage, parfois… à la loterie ! Une partie des poissons était offerte aux habitants du village, en particulier aux familles dans le besoin. Depuis 1975, l’Association de la Baie de Brough veille sur le port, le rénove et le protège, pour que ce lieu chargé d’histoire reste vivant et accessible.

Une nouvelle promenade nous conduit jusqu’à la plage. Au loin, un groupe d’une quinzaine de phoques s’est installé sur les rochers brûlants, oscillant entre sieste digestive et séance de bronzage improvisée. Le temps semble suspendu.

Puis, la route reprend et nous arrivons enfin à John o’ Groats. La visite est rapide : la ville semble vivre avant tout de son statut symbolique de "fin de la terre". Face à nous, se découpent les silhouettes mystérieuses des Orcades.

Au loin se dresse le phare de Duncansby Head, et son parking où nous décidons de passer la nuit. À peine installés, nous repartons explorer les alentours. Quelques pas suffisent pour que la magie opère : sur la falaise, perché sur un promontoire rocheux, apparaît notre tout premier macareux. La majorité de la colonie est déjà repartie depuis une semaine, mais ce rescapé solitaire nous offre un moment précieux. Un cadeau simple, inattendu, et absolument inoubliable.


08 août 2018
Après le petit-déjeuner, notre envie est de retrouver notre macareux... Il a du rejoindre ses copains car malgré l'attente, il ne pointe pas son bec ! Il restera un très beau souvenir. Nous continuons notre balade sur les falaises de Duncansby. Le temps s'assombrit et avons tout juste le temps de regagner notre fourgon avant les premières gouttes.
Nous reprenons, un peu à contre-coeur la route pour descendre en direction d'Inverness. Nous longeons la côte afin de profiter de la vue sur la mer du Nord. Le hasard, indéfectible compagnon, nous fait découvrir Latheronwheel, attiré dans un premier temps par le vieux pont en fer à cheval. 

Nous faisons une halte à Latheronwheel, un petit port niché dans une crique sauvage du Caithness. Construit vers 1848 par le Major Robert Henderson, il devait autrefois soutenir la pêche au hareng, alors en plein essor. Aujourd’hui, le port a perdu son activité commerciale, mais il a conservé son âme. Pas d’autorité portuaire imposante ici : Latheronwheel vit grâce à une gestion locale et communautaire. Le Highland Council intervient ponctuellement pour l’entretien des structures, mais ce sont surtout les habitants et des bénévoles qui veillent à préserver ce coin de patrimoine maritime. En se promenant le long des quais de pierre, on devine encore les traces du passé : anneaux d’amarrage, vestiges d’anciens hangars, cale d’accès. Désormais, seules quelques petites embarcations viennent s’y abriter, et le lieu est devenu un havre de tranquillité pour les promeneurs et la faune. Un endroit simple, authentique, où l’histoire se mêle à la brise marine. 

Pont en fer à cheval

En début de soirée, nous observons quelques pêcheurs qui s’apprêtent à prendre le large. L’idée nous vient alors de les attendre au retour pour leur acheter du poisson frais. La marée se fait longue, la lumière décline, et l’air se rafraîchit. Finalement, nous abandonnons notre poste de guet et décidons d’allumer le barbecue. Après ce dîner improvisé sous les dernières lueurs du jour, nous regagnons notre fourgon pour discuter, savourant la quiétude du lieu.

Photo : hiddenscotland.com

Soudain, un coup discret à la porte nous fait sursauter. En l’ouvrant, nous découvrons les pêcheurs, un sourire timide aux lèvres et un seau rempli de maquereaux encore brillants d’eau salée. Ils s’excusent du retard : sur le chemin du retour, ils ont pris le temps de vider les poissons pour nous éviter la corvée. Touchés par cette délicate attention, nous acceptons leur offre et leur demandons le prix. Ils secouent la tête : « Nous ne prenons rien. Mais si vous voulez, il y a une boîte pour les bénévoles pas loin. Vous pouvez y mettre ce que vous voulez… » Un geste simple, désintéressé, qui résume à lui seul l’hospitalité et la générosité de ces côtes du nord de l’Écosse.

09 août 2018

Aujourd’hui, une nouvelle aventure nous attend, et cette fois encore, elle promet d’être savoureuse. Nous quittons notre halte avec l’excitation d’un jour de fête : au programme, une expérience gustative emblématique de l’Écosse. La route serpente à travers collines et pâturages avant de nous conduire jusqu’à Tain, une petite ville fière de son héritage whisky. Notre destination du jour se dresse bientôt devant nous : la distillerie Glenmorangie, avec ses bâtiments de pierre claire et ses toits caractéristiques.

Nous nous garons sur le parking bordé d’arbres, déjà enveloppés par une discrète senteur de céréales chauffées, un parfum de malt flotte dans l’air, comme pour souhaiter la bienvenue. À ce moment précis, nous savons que nous ne sommes pas simplement venus visiter un site touristique : nous venons toucher du doigt un savoir-faire ancestral, découvrir les secrets d’une boisson qui fait la fierté du pays, et surtout, en savourer chaque gorgée.

Une nouvelle journée d’exploration commence… mais aujourd’hui, c’est notre palais qui se met en voyage. À la sortie de la visite, nous nous transformons en cuisiniers : au menu, le poisson fraîchement offert par les pêcheurs la veille. Grillé avec simplicité, accompagné d’un rayon de soleil et de l’air iodé, il n’a jamais eu aussi bon goût. Après ce déjeuner digne d’un festin, nous reprenons la route en direction d’un lieu mythique : le Loch Ness.

La route qui serpente jusque-là est parfois sportive : virages extrêmement serrés, montées abruptes, descentes surprenantes… Une succession de péripéties qui nous met les nerfs à l’épreuve mais également donne à l’aventure tout son charme. Finalement, nous atteignons Inverfarigaig, où nous installons notre campement avec une vue imprenable sur Urquhart Castle, dressé sur l’autre rive comme un gardien du loch.

Le soir venu, nous dînons dehors, presque les pieds dans l’eau, bercés par les clapotis et le calme majestueux du lac. Nous scrutons l’horizon, à l’affût du moindre remous suspect… mais pas de Nessie ce soir-là. Qu’importe. Avec ce décor grandiose, une assiette encore imprégnée du goût de l’aventure et ce sentiment d’être seuls au monde, nous avons déjà notre légende à nous.

10 août 2018

Nous longeons les rives mystérieuses du Loch Ness, ses eaux sombres se dévoilant par éclats entre les pins et les tapis de bruyères. La route serpente et nous guide jusqu’au petit village de Fort Augustus. En chemin, nous faisons une halte à Carn an t-Suidhe, un col perché dans les hauteurs, là où le paysage semble soudain basculer vers l’infini. Devant nous s’étend une mosaïque de lochs, de tourbières et de montagnes vêtues de landes violettes. 

Carn an t-Suidhe

Nous restons là, silencieux, à contempler cette immensité sculptée par le temps. Le silence n’est rompu que par le sifflement du vent et le bruissement des herbes. Puis, apaisés et un peu envoûtés, nous reprenons la route vers Fort Augustus, guidés par l’appel du canal calédonien et par le charme tranquille du village qui nous attend au bord de l’eau.

À notre arrivée à Fort Augustus, l’atmosphère change du tout au tout. Après la solitude des hauteurs, nous retrouvons l’animation d’un petit village vivant. Fort Augustus s’étire le long du canal calédonien, véritable colonne vertébrale qui relie les eaux du Loch Ness au reste du Great Glen. Nous nous arrêtons près de la célèbre enfilade d’écluses.

L’endroit est vivant, mais dégage malgré tout une douceur inattendue. Un mélange de vie maritime, d’accent écossais chantant et de brise des Highlands. Les boutiques rivalisent de peluches et de souvenirs à l’effigie de Nessie : ici, chaque enseigne semble faire un clin d’œil au célèbre monstre. Impossible d’oublier où l’on se trouve : la ville entière vit au rythme de la légende.

Après une dernière promenade au bord de l’eau, nous reprenons la route, le Loch Ness toujours fidèle compagnon, sombre et mystérieux sous le ciel du soir. Au fil des kilomètres, la lumière décline et les reliefs se font plus imposants.

Nous atteignons finalement Caol, près de Fort William, alors que la nuit s’installe. Fatigués mais apaisés par cette longue journée, nous trouvons un endroit pour stationner. Un rapide dîner, puis le silence. Une bonne nuit de repos nous fera le plus grand bien, avant de poursuivre notre aventure dans les Highlands.

Récapitulatif des nuitées :

04 août 2018 : Ardvreck
05 août 2018 : Tongue
06 août 2018 : Sandside, Thurso
07 août 2018 : Ducansby Head
08 août 2018 : Latheronwheel
09 août 2018 : Inverfarigaig, Inverness
10 août 2018 : Caol, Fort William


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