Allemagne-Autriche, de Salem à Plouguerneau

9 août 2016 — Salem, entre orage et macaques

La nuit a été longue, battue par les bourrasques d’un orage qui a bien secoué Jacqueline — notre fidèle compagne de route. Au matin, le calme revient. Et pourtant, au petit matin, tout semble lavé, apaisé. Le ciel reste gris, mais l’envie de bouger reprend vite le dessus. On s’offre une petite balade autour du lac — l’air y est frais, presque neuf.


Puis cap sur L’Affenberg de Salem, la fameuse montagne des singes. Ici, près de deux cents macaques de Barbarie vivent en totale liberté, dans un décor qui ressemble à s’y méprendre à leur habitat naturel. Un vrai terrain de jeu pour chercheurs — et pour voyageurs curieux !


Les singes s’organisent, se chamaillent, se réconcilient… Pendant ce temps, les cigognes veillent, majestueuses, dans la plus grande colonie d’Allemagne. Une drôle de cohabitation, mais quel spectacle !


Après cette visite un peu hors du temps, retour à notre campement pour une soirée tranquille sous les étoiles.

10 août 2016 — Forêt Noire et lac Schluch : silence vert

Ce matin, on roule vers l’inconnu. Sur la carte, un nom nous attire : Titisee-Neustadt. Ça sonne bien, non ? Quelques virages plus tard, nous voilà au bord du lac Schluch (Schluchsee), en pleine Forêt Noire. Un lac semi-artificiel, parfait pour une journée farniente entre balade nautique et marche forestière.


Petit détour par l’église Saint-Nicolas, à l’architecture moderne, où subsistent un vieux chemin de croix et un retable de 1896. Puis on file planter le camp un peu à l’écart, dans la forêt, à quelques kilomètres du centre. Silence, pins et odeur d’humus…

11 août 2016 — Fribourg, bouchons et double Brisach

Fribourg-en-Brisgau, traversée express — enfin, façon de parler : nous y goûtons surtout les bouchons ! L’ancienne capitale du Bade semble pourtant mériter le détour. Ce sera pour une autre fois.


Nous franchissons la frontière à Vieux-Brisach, déjeunons côté français (cocorico !), puis retour en Allemagne pour visiter la cité historique. Une vraie perle médiévale, posée au bord du Rhin. En fin de journée, nous retraversons le fleuve pour dormir à Neuf-Brisach, sa sœur cadette. Neuf-Brisach, la ville parfaite dessinée par Vauban — octogonale, symétrique, presque irréelle.

12 août 2016 — Vauban, Colmar et le son des guitares

Le matin est consacré à la visite de Neuf-Brisach, cette ville géométrique sortie tout droit de l’esprit de Vauban. Inscrite à l’UNESCO depuis 2008, elle est l’unique exemple complet du “troisième système” de fortifications de l’ingénieur de Louis XIV.
Une ville octogonale, taillée au cordeau, bâtie pour l’éternité — et presque hors du temps.

Amy MacDonald

En fin de matinée, direction Colmar, où nous attendent Amy MacDonald et The Cranberries à la Foire aux Vins. Cadeau de Noël converti en soirée magique ! Nos billets “carré or” en main, nous voilà au pied de la scène : Amy MacDonald ouvre le bal, puis The Cranberries prennent la relève. Les guitares résonnent, les voix s’élèvent, la foule danse.

Dolores O'Riordan - The Cranberries

Vers minuit, on s’éloigne du site, les oreilles bourdonnantes et le sourire accroché.

13 août 2016 — Trois-Épis et le lac des Corbeaux

Pause tranquille dans le vignoble de Niedermorschwihr, avant de grimper à Trois-Épis pour une balade autour du “Corcovado alsacien”. Vue panoramique garantie !


L’après-midi, cap sur le lac des Corbeaux à La Bresse. Une marche en forêt, de l’air pur, des arbres centenaires et, tout en haut, un panorama qui récompense l’effort. On termine la journée par une baignade presque nocturne dans une eau noire et fraîche.

lac des Corbeaux à La Bresse

14 août 2016 — Colombey et le lac d’Orient : entre mémoire et désillusion

Sur la route, belle surprise : Colombey-les-Deux-Églises. Difficile de ne pas s’arrêter. Ici, dans sa maison de La Boisserie, le général de Gaulle reçut en 1958 le chancelier Adenauer — une page d’histoire européenne.

La Boisserie

Trois haltes s’imposent : la maison, le mémorial et la tombe du Général. Un moment suspendu, empreint de respect et d’histoire.

Nous reprenons la route vers le lac d’Orient pour y passer la nuit… Mauvaise pioche : le lieu, pourtant prometteur, s’avère d’une saleté affligeante. Triste spectacle pour des amoureux de nature. On y reste juste le temps de dormir.

Notre guide nous glisse : « Le Général aimait le silence. »

15–16 août 2016 — Pandas et émerveillement à Beauval

Direction le zoo de Beauval, l’un des plus beaux parcs animaliers d’Europe. Arrivés un peu tard, on s’offre d’abord une balade aux alentours, histoire d’attiser la curiosité.

Le lendemain, levés à l’aube pour profiter du site dès l’ouverture. À l’ouverture, on entre parmi les premiers. Direction les pandas géantsYuan Zi et Huan Huan. Les voir, c’est un privilège rare. Leur lenteur paisible contraste avec l’excitation ambiante.


Le reste du parc se découvre sans plan précis : tigres, oiseaux, gorilles, flamants roses… Une journée entière à retrouver son âme d’enfant.

17–20 août 2016 — Le Guédeniau, repos du voyageur

Dernière étape du voyage : Le Guédeniau, un petit coin paisible où la mairie fait également dépôt de pains — l’esprit routard dans toute sa splendeur. Le lieu est pensé pour accueillir les voyageurs itinérants : simple, pratique, chaleureux.

Balades en forêt, lectures, siestes… Le temps ralentit avant le retour vers notre Finistère.

Une ultime halte en famille à Plouha, puis direction Plouguerneau. Il est 12h42 le compteur affiche fièrement 4 457 kilomètres. Le tour est bouclé. Jacqueline peut se reposer. Nous aussi.

“La route, c’est comme un livre : ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page.”

🚐 Épilogue – La route continue

Le voyage, c’est un peu comme la route elle-même : nous ne savons jamais où elle mène, mais on y va quand même.

Grace à notre fourgon Jacqueline, nous découvrons plus que des paysages : des sourires, des silences, des hasards heureux, des routes bordées d’églises et de champs.

De Plouguerneau à Vienne puis Plouguerneau, nous avons roulé au rythme du monde. Dormir sous la pluie, dîner face à un lac, croiser des inconnus bienveillants : c’est ça, la liberté.

La vie en fourgon, c’est apprendre à se contenter du nécessaire — essence, eau, ciel, et route.

Le voyage ne s’arrête pas quand on coupe le contact. Il continue dans la tête, dans les yeux, dans les mots qu’on écrit.

Demain ? Un nouveau plongeons dans l'inconnu, peut-être un fjord oublié.
Ou juste un nouveau lever de soleil sur le pare-brise de Jacqueline.

Parce qu’au fond, la route appelle encore. Et il serait dommage de ne pas lui répondre.


  1. Allemagne-Autriche, de Plouguerneau à Vienne
  2. Allemagne-Autriche, de Vienne à Salem
  3. Allemagne-Autriche, de Salem à Plouguerneau : vous êtes ici

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