Pologne, de Wadowice à Nowa Biała

07 août 2019

À quelques encablures de Wadowice, nous prenons la route pour Wieliczka, mondialement connue pour sa mine de sel. Rejoindre la plus ancienne mine de sel européenne encore en activité n’est pas une sinécure : à notre grande surprise, nous tombons en plein cœur du défilé des véhicules du Tour de Pologne de cyclisme ! Wieliczka est en effet la ville de départ de l’étape du jour, qui doit se terminer à Bielsko-Biała par la victoire du Slovène Luka Mezgec. Nous suivons un moment l’équipe Bora-Hansgrohe de Pascal Ackermann, alors leader de la compétition, avant de tenter de nous frayer un chemin dans l’effervescence générale.

Nous croisons les doigts pour trouver une place où nous garer. Finalement, un emplacement se libère, un peu éloigné des mines, mais qui nous offre l’occasion idéale de traverser la ville à pied, pour notre plus grand plaisir. L’attente pour accéder à la mine est longue ; nous n’avions pas réservé à l’avance et devons donc prendre notre mal en patience, mais nous sommes assurés d’entrer. Patience est mère de vertu !


La mine de sel de Wieliczka : un monde souterrain captivant

La visite qui nous attend compense largement les minutes d’attente. En pénétrant dans les profondeurs, nous découvrons un univers souterrain hors du temps. La mine, exploitée depuis le XIIIe siècle, est un véritable labyrinthe sculpté dans le sel. Au fil des galeries, nous admirons des chambres immenses, des escaliers creusés à même la roche saline et des sculptures étonnantes réalisées par les mineurs eux-mêmes. L’une des merveilles absolues reste la chapelle Sainte-Kingia, toute de sel façonnée : ses lustres translucides, son autel et même ses bas-reliefs scintillent sous les jeux de lumière, créant une atmosphère presque irréelle.

La descente dans les profondeurs nous fait mesurer l’ampleur du travail titanesque réalisé au fil des siècles. Entre anecdotes historiques, récits du quotidien des mineurs et curiosités géologiques, chaque salle réserve une nouvelle surprise. À plus de 135 mètres sous terre, nous nous sentons comme plongés dans une cathédrale minérale, silencieuse et majestueuse. La visite est une découverte incroyable, un voyage dans un monde façonné par la patience humaine et la beauté brute de la nature. En remontant à la surface, nous sommes encore enveloppés de cette sensation d’avoir traversé un lieu unique, presque magique.

L’église Saint-Sébastien de Wieliczka, édifiée en 1581 en bois de mélèze, fut transformée au XVIIIᵉ siècle. Son chœur est dominé par une élégante tourelle dotée d’un lanternon baroque, tandis qu’à l’ouest, la nef s’adosse à un petit clocher surmonté d’un dôme bulbeux, typique de l’architecture locale. L’intérieur, couvert de fausses voûtes, surprend par son atmosphère chaleureuse et l’harmonie de ses volumes.

On y admire de remarquables peintures polychromes réalisées entre 1903 et 1910 par l’artiste Włodzimierz Tetmajer, dont les couleurs vives et les motifs décoratifs animent les parois d’une énergie presque théâtrale. Le mobilier, d’une grande richesse, comprend un maître-autel de style rocaille abritant un tableau de saint Sébastien du XVIIIᵉ siècle, ainsi que deux autels latéraux : l’un, de style baroque précoce, orné d’une représentation de la Vierge ; l’autre, de style baroque plus tardif, mettant en valeur un crucifix du XVIIᵉ siècle.


08-09 août 2019

Direction Tarnów, une ville au charme singulier, souvent surnommée “la perle de la Renaissance”. Elle séduit par son centre historique magnifiquement conservé, son ambiance chaleureuse et son mélange d’influences culturelles. Patrie du Général Józef Bem (1794-1850), héros national polonais et hongrois mais également d'Alfred Denner (1924-2012), résistant français, et Charles Denner (1926-1995), acteur et résistant français.

Anna Kropioswka, Panorama de Siedmiogrodzka, 14-10-2017

Le cœur de la ville, dominé par la place du marché (Rynek), offre de superbes édifices de style Renaissance, dont l’Hôtel de Ville et les maisons bourgeoises colorées. On y trouve également la cathédrale de Tarnów. Une histoire multiculturelle Tarnów fut longtemps un centre important de la communauté juive polonaise. Des traces de ce passé demeurent : anciennes synagogues, cimetière juif, et un parcours mémoriel dédié. 

Café Tram

Pour l’heure, nous faisons une pause déjeuner dans un petit restaurant ouvrant sur la rue piétonne. Au menu, deux formules : kalafiorowapolędwiczka w cieście francuskimkluski śląskiesurówka et kompot pour 23 zł, ou bien kalafiorowafilet drobiowy panierowanyziemniakisurówka et kompot pour 22 zł.

Le restaurateur, ne parlant ni français ni anglais, remarque rapidement notre embarras. Avec une gentillesse désarmante, il nous installe à la table d’une de ses fidèles clientes, une dame âgée ayant passé de longues années aux États-Unis. Grâce à elle, nous comprenons que nous avons le choix entre : soupe de chou-fleur, filet de porc en pâte feuilletée, quenelles silésiennes, salade de crudités et compote de fruits pour 23 zł ; ou soupe de chou-fleur, filet de poulet pané, pommes de terre, salade de crudités et compote de fruits pour 22 zł. Le repas fut excellent, et la conversation avec cette dame, pleine de bienveillance et d’histoires, rendit ce moment encore plus mémorable.

Maître-hôtel

Avant de quitter Tarnów, nous jetons notre dévolus sur une dernière visite. L’église de la Sainte Famille qui constitue un magnifique exemple d’architecture néo-gothique en Pologne, digne d’intérêt dans une ville souvent éclipsée par Cracovie (71 kilomètres) mais pourtant riche en patrimoine. Au-delà de son architecture, le lieu permet de ressentir la vie paroissiale et l’atmosphère authentique d’un quartier de Tarnów encore préservé des itinéraires touristiques classiques.

Tęgoborze

Nous reprenons la route en direction de Tęgoborze, où nous attend une halte placée sous le signe du repos. Au programme : promenade, lecture au grand air et barbecue improvisé sur les rives du lac Rożnowskie, dont les eaux calmes reflètent les collines environnantes.

Le village de Tęgoborze possède une histoire ancienne et un nom évocateur : il proviendrait des immenses forêts, de véritables "forêts fortes", qui recouvraient, il y a près d’un millénaire, tout le bassin local. Aujourd’hui encore, le paysage garde quelque chose de cette majesté originelle. Entre nature généreuse, silence apaisant et douceur du lac, l’endroit se prête merveilleusement à une pause sereine, loin de l’agitation des villes.

En voilà un qui se serait bien invité au barbecue
10 août 2019

Nous reprenons la route dans la matinée afin de nous rendre dans les Tatras. Nous ne savons pas encore que nous allons découvrir un village juste magnifique. Nichée dans la vallée de la rivière Czarny Dunajec, à la frontière slovaque et à quelques kilomètres de Zakopane, Chochołów est l’un de ces villages polonais où le temps semble s’être arrêté. Connue pour ses maisons de bois iconiques et son atmosphère sereine, cette localité du Podhale incarne à la perfection l’âme montagnarde des Tatras. 

Ce qui frappe immédiatement en arrivant à Chochołów, c’est l’harmonie visuelle qui se dégage du village. Contrairement à d’autres localités qui ont cédé au modernisme, Chochołów a préservé son architecture en bois presque inchangée depuis le XIXᵉ siècle.

Les maisons górale sont une tradition vivante. Construites en rondins de bois de pin ou d’épicéa, elles sont assemblées selon une technique ancestrale sans clous métalliques. Les façades, volontairement laissées brutes, sont soigneusement lavées chaque printemps – une tradition appelée “bielenie”, qui contribue à leur teinte claire caractéristique. Beaucoup sont aujourd’hui encore habitées, faisant du village un musée vivant, où le passé n’est pas simplement exposé, mais vécu au quotidien.

Cette authenticité a valu à Chochołów d’être inscrit au patrimoine culturel et d’être considéré comme l’un des plus beaux exemples d’architecture górale en Pologne. Il ne faut pas s'y tromper, Chochołów n’est pas qu’un village pittoresque : c’est également un lieu marqué par l’histoire. En 1846, les habitants participent à une insurrection patriotique contre l’Empire austro-hongrois. Bien que le soulèvement ait échoué, il est resté un symbole de courage et de résistance pour la région.

🌲 Écrin naturel suspendu entre les majestueuses Tatras et les paysages vallonnés du PodhaleChochołów est un point de départ idéal pour s’aventurer au cœur de la beauté sauvage du sud de la Pologne. Et nous n’allions certainement pas nous en priver. À peine la voiture garée sur le parking de la caserne des pompiers, l’excitation du départ se fait déjà sentir : la journée promet d’être riche en découvertes.

🎉 Aujourd’hui, Chochołów vit au rythme d’un événement heureux : un mariage. En avançant dans le village, nous tombons directement sur le cortège, parés de costumes traditionnels górale, mêlant couleurs vives, broderies et musique montagnarde. L’effervescence se concentre autour de la caserne, qui servira de point d’orgue à la cérémonie. Pendant que les célébrations battent leur plein, nous décidons de nous échapper vers la nature environnante, histoire de laisser les jeunes mariés en paix et d’explorer les alentours.

🚶‍♂️ Nous optons pour la simplicité : une petite randonnée à travers les collines verdoyantes, où le regard se perd dans les nuances de vert et les ondulations du relief. Le chemin serpente en partie le long de la rivière Czarny Dunajec, dont le murmure accompagne nos pas. L’air est pur, les montagnes veillent au loin, et chaque tournant offre un nouveau tableau.Puis, soudain, une surprise au détour d’un sentier : un renard ! Curieux, presque joueur, il semble hésiter entre la méfiance et l’envie d’approcher. Un instant suspendu, comme volé à la nature, où l’on se sent invités dans le quotidien silencieux de la faune locale.

⛪ Notre balade nous mène finalement jusqu’au village voisin de Dzianisz, où se dresse une somptueuse église en bois, typique du style montagnard. Son architecture élégante, ses teintes sombres patinées par les années et son clocher élancé forment un décor d’une beauté calme et presque intemporelle. Dans ce lieu, l’histoire semble gravée dans chaque poutre.


Le soir venu, après une baignade vivifiante dans les eaux tumultueuses de la Czarny Dunajec, nous décidons de pousser l’aventure un peu plus loin, de l’autre côté de la frontière. Une courte route nous mène au village slovaque de Hladovka, simple et paisible.

Près de l’église, nous sommes abordés par une femme très âgée. Elle nous arrête d’un geste doux, presque comme si elle nous attendait. S’ensuit un moment précieux : elle se met à raconter sa vie sous le régime communiste, ses difficultés, ses espoirs, son quotidien d’autrefois. La barrière de la langue fait parfois écran, mais l’essentiel passe ailleurs : dans ses gestes, dans la musicalité de sa voix, et surtout dans ses yeux.

Ses yeux… À eux seuls, ils racontaient une encyclopédie en plusieurs tomes, remplie de douleurs, de résilience et d’histoires qu’on n’ose même imaginer. Un échange bref mais bouleversant, qui marque autant qu’un paysage de montagne.

11-12 août 2019

Nous réalisons un saut de puce afin d'atteindre Witów pour partir à la découverte du Parc National des Tatras. Nous garons Jacqueline sur un espace tout près de la rivière Czarny Dunajec. Nous en profitons pour aller nous balader jusqu'à l'entrée du parc afin de connaître et comprendre les conditions d'accès. Ensuite, repas et dodo, la journée de demain risque d'être longue.

Vue depuis le Bivouac

Un peu avant 9 heures nous sommes réveillés par le tintement des cloches d'un troupeau de mouton qui part à la pâture. Réveil original et agréable qui nous rappelle que nous devrions partir pour notre randonnée. 

Réveil matin !

Nous empruntons une route interne de la Communauté forestière des huit villages, un héritage séculaire où traditions pastorales et partage des ressources ont façonné le paysage autant que la main de l’homme. Ici, la nature n’est pas un simple décor, mais un patrimoine collectif, transmis et protégé depuis des générations.

🌲 Dès les premiers mètres, la forêt semble refermer ses bras autour du sentier. Les épicéas se dressent comme de hautes cathédrales naturelles, et leurs aiguilles tamisent une lumière douce, presque feutrée. Le chemin est large et régulier au départ, ce qui permet à l’esprit de se laisser aller. On marche, on respire, on écoute. Nous comprenons immédiatement pourquoi la Vallée de Chochołowska est l’une des plus appréciées des Tatras : elle offre un équilibre parfait entre douceur et grandeur, entre nature accessible et immensité sauvage.

🌿 Au fil du chemin, la forêt se fait moins dense, laissant apparaître, par endroits, de petites clairières baignées de soleil. Au printemps, ces prairies deviennent de véritables tapis violets recouverts de crocus, mais même hors saison, elles dégagent un charme tranquille. À mesure que l’on progresse, les sommets commencent à pointer entre les rangées d’arbres. Le Grześ, le Rakoń et toutes les crêtes qui forment la frontière naturelle avec la Slovaquie se dévoilent peu à peu, comme si la randonnée nous méritait ces paysages étape par étape. 


🛖 La Vallée de Chochołowska porte encore les traces d’un passé pastoral très vivant. On croise ici et là les silhouettes de vieilles granges et chalets de bergers, certains encore utilisés, d’autres devenus témoins d’un mode de vie en train de disparaître. Une pancarte raconte que dans les années 1930 à 1950, la grange de Jan Chrobak servait d’abri aux bergers et qu’elle fut même visitée par Jean-Paul II lors de son pèlerinage en 1983. On imagine sans peine le pape, lui-même montagnard dans l’âme, marcher dans ces mêmes sentiers, respirer ce même air résineux.

🐾 Le secteur est connu pour abriter une faune exceptionnelle : ours bruns, lynx, aigles royaux, coqs de bruyère… Nous ne les voyons pas forcément, mais ils sont là, quelque part. Comme lors de notre balade précédente, où un renard joueur nous observait sans trop savoir s’il devait s’approcher ou filer, on ressent ici cette même présence discrète mais tangible de la vie sauvage. Dans la Vallée de Chochołowska, la nature a toujours une longueur d’avance.

Après un long moment de marche, le paysage s’ouvre soudain : la vallée débouche sur un vaste cirque glaciaire, dominé par les crêtes qui marquent la frontière slovaque. Devant vous s’étend une grande prairie, parfaite pour une halte. Au fond de la vallée, le refuge de Chochołowska accueille les randonneurs sur sa terrasse souvent baignée de soleil. C’est l’endroit idéal pour savourer un thé chaud, une kompot ou une soupe montagnarde, mais attention, il n'est pas possible de payer avec la carte bleue ! Nous jetons un œil à nos provisions avant de décider : poursuivre vers Trzydniowiański Wierch ou amorcer tranquillement le chemin du retour.

L’envie l’emporte : nous prenons la direction de la montagne. Quelques heures plus tard, nous atteignons le sommet de Trzydniowiański Wierch, perché à 1 758 mètres. La balade champêtre s’est déroulée en grande partie le long d’une rivière dont la fraîcheur était bienvenue sous le soleil revenu nous accompagner. Seuls au monde sur ce sentier, nous en avons profité pleinement. Notre arrivée au sommet est saluée par d’autres randonneurs qui connaissent bien l’effort que nous venons d’accomplir. À les entendre, nous aurions dû emprunter le sentier dans l’autre sens : « Votre montée était bien plus longue, et sous cette chaleur, vous avez dû souffrir ! » Pourtant, nous arborons un large sourire : un bonheur que nous partageons volontiers.

Reste à affronter la descente… Nous avançons à petite allure ; la fatigue commence à se faire sentir. Après près de dix heures de marche et de flânerie, nous retrouvons Jacqueline et dégustons un bon café, les pieds plongés dans l’eau glacée de la Czarny Dunajec. Un délice ! En traversant la vallée de Chochołowska, nous avons eu l’impression de découvrir un lieu où le temps s’écoule autrement, plus lentement peut-être, mais aussi plus profondément. À présent, la nature se prépare à la nuit… et nous aussi.

13 août 2019

Hier soir et durant toute la nuit, de violents orages ont frappé les montagnes qui entourent Zakopane. Nous étions alors près de la rivière, dont le niveau a soudainement monté d’un bon mètre ! Heureusement, nous sommes toujours suffisamment prudents pour éviter les situations à risque… mais on ne sait jamais : la nature rappelle parfois qu’aucun abri n’est absolu. Cette fois-ci, nous avons eu plus de chance que certains randonneurs surpris par la foudre. Nous apprendrons plus tard que tout le monde n’en est pas sorti indemne…

Lorsque nous reprenons la route, nous ignorons encore la mauvaise nouvelle. L’objectif du jour était de partir en randonnée depuis Zakopane pour rejoindre le Morskie Oko. Mais après les violents orages de la veille et la pluie qui persiste, nous décidons finalement de poursuivre notre chemin, non sans un bref passage par la station la plus au sud de la Pologne.

Notre périple nous mène ensuite à Nowa Biała, un village pittoresque du sud de la Pologne, situé dans la voïvodie de Petite-Pologne (Małopolska), au cœur du comté de Nowy Targ. Ce village possède une identité culturelle singulière : il appartient à la région historique du Spiš (Spisz), un territoire transfrontalier partagé entre la Pologne et la Slovaquie. Nowa Biała est d’ailleurs le seul village du Spiš polonais situé sur la rive gauche — donc nord — du fleuve Białka, ce qui lui donne une configuration géographique tout à fait particulière.

La rivière Białka, célèbre pour ses eaux cristallines descendant des Tatras, offre ici un cadre naturel spectaculaire. Son lit forme de larges bancs de galets, des zones protégées et de magnifiques points de vue prisés des randonneurs comme des photographes. Mais aujourd’hui encore, la pluie semble décidée à nous accompagner… L’activité marquante de la journée restera donc la dégustation d’une excellente pizza polonaise !

 La Pologne se dévoile entre patrimoines cachés, rencontres chaleureuses et instants suspendus. Montagnes, bois anciens, renard curieux et randonnée éprouvante mais lumineuse. Orages, renoncements, pluie… et pourtant, cette impression persistante d’un voyage profondément vécu.

Récapitulatif des nuitées

07 août 2019 : Wieliczka - 2335 kilomètres
08 août 2019 : Tęgoborze - 2494 kilomètres
09 août 2019 : Tęgoborze - 2494 kilomètres
10 août 2019 : Chochołów - 2613 kilomètres
11 août 2019 : Witów - 2629 kilomètres
12 août 2019 : Witów - 2629 kilomètres
13 août 2019 : Nowa Biała - 2702 kilomètres

Et la suite ! : 

Pologne, de Nowa Biała à Plouguerneau








Commentaires