En route vers le Cap Nord, de Narvik à Oslo

31 juillet 2017 — Narvik, entre pompe en panne et guerre froide

Petite contrariété au réveil : la pompe d’eau douce a rendu l’âme. Depuis quelque temps déjà, elle toussotait, mais là… c’est le silence complet. La fin de parcours se réalisera à l’ancienne, au jerrican ! Une dose d’eau chaude pour deux d’eau froide — le grand luxe ! Pas de quoi entamer notre bonne humeur : ce genre d’imprévu fait aussi partie de l’aventure.

Krigsmuseum de Narvik

Cap sur le Krigsmuseum de Narvik. Le bâtiment, flambant neuf, est bien plus qu’un simple musée : un vrai centre culturel, avec une bibliothèque baignée de lumière et un espace de restauration où l’on sent que les locaux aiment traîner.

L’exposition retrace la bataille de Narvik et les enjeux stratégiques de la région, autant pour les Nazis que pour les Alliés. Deux étages d’histoire, puis un troisième espace, plus impertinent : un lieu de réflexion sur la guerre, ses absurdités, ses questions sans réponses. Un musée qui fait parler les murs et réfléchir les visiteurs.

Nous reprenons ensuite la route et embarquons sur notre premier ferry scandinave, au départ de Bognes, pour continuer sur la E6. Balade bucolique entre fjords et soleil, l’air chargé de sel et de liberté.

La journée s’achève à Kleiva-Fauske, sur un parking face à un coucher de soleil à couper le souffle. L’astre descend lentement, étirant les ombres sur la route. À voir les Norvégiens s’arrêter pour immortaliser la scène, on comprend qu’ici, le coucher de soleil est un vrai spectacle.

Depuis Kleiva-Fauske

💬 Ce coucher de soleil à Fauske : un festival de couleurs qui refuse de s’éteindre. Le jour s’endort… à reculons.

💬 La panne d’eau ? Juste un prétexte pour voyager plus léger. En Norvège, tout finit par se régler avec un peu de débrouille et un grand sourire.

01 août 2017 — Cap au sud, cap sur la liberté

Route vers le sud. Le ciel joue encore avec nous, mais une éclaircie nous permet une halte du côté de Lonsdal, dans le Saltfjellet–Svartisen National Park.
Petite flânerie le long de la rivière Luonosjåhkå, que l’on traverse sur une passerelle de bois battue par le vent. Le grondement de l’eau est assourdissant, presque hypnotique.
Un café bien chaud plus tard, nous filons vers le Polarsirkelsenteret : le cercle polaire arctique est derrière nous, preuve que nous descendons bel et bien vers le sud !

Saltfjellet–Svartisen National Park

La journée se termine à Mosjøen, charmant village posé entre rivière et montagne. Le temps s’y prête, alors on déambule tranquillement dans ses ruelles, respirant la Norvège à pleins poumons.

Mosjøen

💬 À Mosjøen, ne cherchez pas le grand spectacle : c’est la simplicité du lieu qui fait tout le charme. Une halte idéale pour recharger les batteries… humaines.

02 août 2017 — De Holmvassdalen à Trondheim

Quelques kilomètres plus loin, coup de cœur pour Holmvassdalen, au bord du Svijjege. L’endroit respire la tranquillité, avec ses petits coins cachés et sa bibliothèque improbable. On s’y attarde un bon moment, profitant du calme avant que le ciel ne se charge à nouveau.

Holmvassdalen

La route nous conduit jusqu’à Trondheim, que nous atteignons vers 20 h, accueillis par un arc-en-ciel digne d’une carte postale. Juste le temps de faire le tour de la majestueuse cathédrale de Nidaros, bâtie sur la tombe du roi Saint Olaf.

La pluie revient, drue, nous poussant plus au sud. Bonne pioche : le soleil nous attend à Gylløyan-Hovin, où nous passons la nuit. Demain, un grand moment nous attend : la fameuse Route des Trolls !

💬 Ce halo d’arc-en-ciel sur les flèches de Nidaros. Mélange de pluie, de foi et de chance.

03 août 2017 — Trollstigen, la route des géants



En route pour la Trollstigen, “l’échelle des Trolls”. Une route mythique qui s’accroche à la montagne, audacieuse et vertigineuse. Onze virages en épingle, 9 % de dénivelé, une cascade de 320 mètres — la Stigfossen — qui la caresse de ses embruns. Il a fallu huit ans pour la construire, et depuis 1936, elle fait rêver les voyageurs.


Au sommet, un immense parking permet d’admirer la vue… enfin ! Le copilote a eu le privilège de la voir en direct, moi je découvre le spectacle avec les jambes encore un peu tremblantes.

Et entre les méandres, coule une cascade !

Plus tard, nouveau ferry entre Valldal et Eidsdal, puis arrivée à Ørnesvingen-Geiranger. Vue plongeante sur le fjord, le soleil qui s’attarde — un moment suspendu.

Depuis Ørnesvingen-Geiranger

Lessive improvisée : bidon de marin, route en guise de battoir. L’art du voyage en version rustique !

💬 Le panorama de Geiranger, avec la lumière rasante du soir. On comprend pourquoi les dieux scandinaves ont élu domicile ici.

💬 La Trollstigen, c’est un peu la Route 66 norvégienne, mais en version verticale. Attention, frein moteur obligatoire !

04 août 2017 — Cols, fjords et retour à la pluie

Pas de précipitation aujourd’hui. Le soleil est de retour, et on compte bien en profiter. La route qui descend vers Geiranger n’a rien à envier à la Trollstigen.
Nous grimpons jusqu’à Djupevatn, premier col à plus de 1 000 mètres. Les paysages sont grandioses, minéraux, presque lunaires. Puis, cap sur Bergen.
L’arrivée se fait, bien sûr… sous la pluie. Nous trouvons refuge dans un espace dédié aux camping-cars : douche chaude, vidanges, plein d’eau. Jacqueline (le fourgon) retrouve un peu de confort. Nous aussi.

A proximité de Stryn

💬 En Norvège, la météo change plus vite qu’un feu tricolore à Paris. Mieux vaut apprendre à aimer la pluie — c’est elle qui fait la beauté du pays.

05 août 2017 — Bergen, entre passé et modernité

Visite de Bergen et de son quartier historique Bryggen. Autrefois, le marché aux poissons vibrait au rythme des pêcheurs. Aujourd’hui, tout est plus lisse, plus “propre”. L’odeur du commerce a remplacé celle du large.
Les pêcheurs ont disparu, remplacés par des vendeurs en uniforme. L’endroit reste joli, mais a perdu un peu de son âme.

Bergen, le port

Dans la halle voisine, on croise un jeune toulousain, ingénieur devenu poissonnier par amour du Nord. Il parle du flétan comme d’un vieil ami. Une rencontre chaleureuse au milieu de la grisaille.

L’après-midi, on flâne à travers la ville, entre passé et modernité, avant que la pluie ne nous rattrape. Direction la capitale, via des routes toujours aussi spectaculaires.
Halte à Tvinfosssen, près de Voss, pour admirer une cascade en escaliers. Déjà impressionnante — on l’imagine au printemps, gonflée par la fonte des neiges : sauvage, indomptable, magnifique.

Tvinfosssen

💬 Ce jeune toulousain au milieu des poissons nordiques. Le genre de rencontre que seul le voyage sait offrir.

06 août 2017 — Vers Oslo, au pays des sportifs

Petite pause à Eilfjordfossen, juste le temps de souffler. On voulait repartir randonner, mais la pluie a détrempé le sol : ce sera pour une autre fois.
La route continue vers Oslo, avec une halte panoramique à Holmenkollen. Le site olympique domine la ville : tremplin de saut à ski, pistes de biathlon…
Ici, le sport est un art de vivre. Même tard le soir, des Norvégiens s’entraînent sur leurs skis à roulettes, infatigables.

Depuis Holmenkollen

Pendant ce temps, on s’installe sur les gradins, face à la ville. La vue est magique. J’imagine le vertige des sauteurs qui s’élancent dans le vide, portés par le vent et le silence.

💬 Holmenkollen : parfait spot pour admirer Oslo sans la foule. Prévoyez un thermos de café et un pull, même en été.

07 août 2017 — Vikings, folklore et Hard Rock Café

Oslo, enfin !
Sur la presqu’île de Bygdøy, nous visitons le musée Viking. Trois drakkars, parfaitement conservés, trônent dans leurs salles. Ces navires, tirés de leurs tumulus, racontent une autre histoire des Vikings : celle d’un peuple raffiné, artisan, commerçant, pas seulement guerrier.
Les boiseries sculptées, les bijoux délicats — tout respire la maîtrise et la beauté. Ce musée, c’est une leçon de vie par la mort : comprendre la grandeur d’un peuple à travers ses tombes.


Juste à côté, le Norsk Folkemuseum. Un écomusée à ciel ouvert, avec plus de 140 maisons venues de toute la Norvège. Certaines sont ouvertes, habitées par des comédiens en costume d’époque : un vrai voyage dans le temps.

Après cette journée riche en découvertes, retour à Holmenkollen pour la nuit.

Le métro tout proche nous permet de plonger dans la ville. Soirée tranquille, direction le Hard Rock Café d’Oslo.
Notre hôte du soir, Kevin, vient du Nigeria. Son sourire est une lumière dans la nuit nordique. Le froid ne lui a rien pris, ni sa chaleur, ni sa bonne humeur.

💬 Le contraste entre les drakkars silencieux du matin et le rire de Kevin le soir. Deux Norvèges, deux mondes, une même humanité.


🚐 Récapitulatif des nuitées :

31/07 : Kleiva-Fauske, Norvège : 6443,5 kms
01/08 : Mosjøen, Norvège : 6698,6 kms
02/08 : Gylløyan-Hovin, Norvège : 7155,2 kms
03/08 : Ørnesvingen-Geiranger, Norvège : 7479,8 kms
04/08 : Bergen, Norvège :
05/08 : Eilfjord, Norvège :
06-07/08 : Oslo, Norvège : 8390,2 kms

En route vers le Cap Nord, de Narvik à Oslo
En route vers le Cap Nord, de Oslo à Plouguerneau

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