En route vers le Cap Nord, de Inari à Narvik
24 juillet 2017 – La dernière ligne droite
Dernière ligne droite avant le Cap Nord ! Nous nous lèvons tôt, un brin excités. La route 92, côté finlandais, est en travaux sur près de vingt kilomètres — un vrai rodéo sur piste caillouteuse. Le fourgon avale la poussière, et soudain, surgit un renne en pleine course… droit sur Jacqueline, notre fidèle fourgon ! Freinage sec, le renne passe, impassible, comme s’il était chez lui (et en fait, il l’est).
Nous franchissons la frontière à Karigasniem et filons vers l’île de Magerøya. Le trajet est un bonheur de bout en bout. Pause gastronomique à Lakselv, au fond du Porsangerfjorden : au menu, lessive et casse-croûte, combo parfait du voyageur. La route déroule ensuite un festival de panoramas toujours plus dingues, et à Repvåg, irrésistible envie de tremper les pieds dans l’océan glacial arctique. On y croise deux couples de Français : l’un, lancé à fond depuis la Sarthe, l’autre, vieux briscards du Pékin Tour 2010.
Arrivée à Nordkapp, nous retrouvons nos amis les rennes, que, en réalité nous n'avons jamais vraiment quittés. Stationnement sur le parking de Knivskjellodden avant de partir pour les neuf kilomètres menant au vrai Graal : la pointe la plus septentrionale du continent européen, 71°11’08’’N. Le sentier, balisé de cairns, n’est pas une promenade de santé, mais sans vraie difficulté non plus. Au bout du monde, nous nous installons face au soleil de minuit. Repas de roi : pâté breton de Pouldreuzic et pain finlandais — mariage osé, mais validé ! On partage le festin avec les Sarthois rencontrés plus tôt.
Le soleil descend, sans jamais disparaître. Silence total. Une nuit blanche qui n’en est pas une. L’astre glisse à l’horizon, repart vers l’est et remonte. Instant suspendu. Rennes et hermines assistent au spectacle avec nous, l’air intrigué. Le retour au camp se fait dans la bonne humeur, ponctué d’une descente sur le postérieur — version arctique de la luge improvisée.
![]() |
| Soleil de minuit à Knivskjellodden |
💭 Six heures trente-neuf de rando pour une claque monumentale.
25 juillet 2017 – Le jour des moustiques
Journée « repos et soins ». Si le lynx a une vue perçante, le moustique, lui, a un radar infaillible. Ils ont dû rameuter toute l’île de Magerøya pour venir festoyer au « Royal Diner », notre peau faisant office de buffet à volonté. Résultat : ma femme arbore un look dalmatien, et un pied a doublé de volume — simple réaction allergique au trop-plein de moustiques satisfaits.
La brume s’installe sur l’île. Nous plions bagage, cap au sud, direction les Lofoten. Nous nous arrêtons pour la nuit près de Repvåg, face à la mer. Un jeune Californien, Dosten, voyageur en stop, partage un moment avec nous avant de repartir, le pouce en l’air et le sourire aux lèvres. La jeunesse du monde sur la route.
💭 Ne jamais sous-estimer les moustiques du Nord : ils ont le flair d’un chien de chasse et la persévérance d’un banquier norvégien.
26 juillet 2017 – Alta, entre ciel et pierre
Cap sur Alta, encore une route de rêve. Lacs, cascades, rennes : la Norvège dans toute sa splendeur. Nous visitons le musée d’art rupestre, classé à l’UNESCO. Une merveille. Les gravures préhistoriques, le fjord en toile de fond, et ce guide passionnant qu’on garderait volontiers en souvenir. Le musée voisin retrace la vie des Norvégiens depuis… la nuit des temps. Nous ressortons les yeux remplis d’images, et l’impression d’avoir traversé les siècles.
27 juillet 2017 – Tromsø, la ville souterraine
Peut-on se perdre dans un tunnel ? Avant Tromsø, nous aurions juré que non. Mais ici, les routes passent sous la terre, histoire d’éviter neige et verglas. Nous avons donc tourné, viré, et fini par trouver le jardin botanique le plus septentrional du monde. Petit havre de couleurs, où plantes polaires côtoient fleurs tropicales.
![]() |
| Pavot du Tibet |
Nous poursuivons vers les Lofoten, promesse de paysages carte postale. Comme il est tard, halte nocturne au bord du lac Skallavatnet. Silence, brume, et un sentiment de bout du monde.
28 juillet 2017 – Lofoten : la carte postale
Balade matinale autour du lac, puis reprise de la route vers Reine. Arrêt-café au bord du parc national de Møysalen, bouche bée devant le panorama. Les villages s’enchaînent, tous plus charmants : Holdøya, Henningsvær… Ce dernier est un bijou. Son phare privé, son terrain de foot collé aux séchoirs à morues, le port, les maisons sur pilotis… tout respire la simplicité et la beauté brute.
![]() |
| Parc national de Møysalen |
Surprise en quittant le village : nous croisons nos amis bretons, puis un peu plus loin, notre copain Dosten, toujours sur la route. Nous le déposons près du musée Viking de Lofotr avant de filer vers Eggum. Parking improvisé face à la mer, bain de pieds dans une eau claire et glaciale.
Le soir, fête improvisée pour le (presque) anniversaire de mon épouse. Les Bretons ont dégotté un camembert… au chocolat ! Étrange découverte, mais l’esprit est à la rigolade. Plus tard, balade nocturne, refus poli d’un apéro norvégien à minuit — faut savoir être raisonnable.
29 juillet 2017 – Reine, le trek des fesses brûlées
Direction Reine, sur l’île de Moskenesøya, pour l’un des plus beaux treks des Lofoten. 448 mètres de dénivelé annoncés, difficulté moyenne. En théorie. En pratique : six heures de randonné et des cuisses en feu ! Les premiers mètres donnent le ton : passage sur les fesses obligatoire. Mais sur le sentier, la solidarité fait loi. Chaque randonneur encourage l’autre, peu importe la langue : “Good luck, you will suffer!” ou “Lykke til!”
Arrivés au sommet, nous oublions la douleur : la vue est à couper le souffle. Une mosaïque d’îlots, la mer d’un bleu impossible. Autour de nous, Brésiliens, Norvégiens, Chinois, Bretons et Toulousains — la planète au complet. La descente, elle, se fait à la gravité et à la glissade. Le soir, on s’écroule à Vareid, juste au bord de la route, lessivés mais heureux.
![]() |
| Reine la belle |
💭 La fatigue, la lumière, les visages venus des quatre coins du monde… Sur la montagne, on parle tous la même langue : celle de l’émerveillement.
30 juillet 2017 – Dernière escale de la semaine : Narvik
Joyeux anniversaire, Yet !
Dernier matin dans les Lofoten. Le temps tourne, brume et pluie, adieu la réserve naturelle de Måstadfjellet — ce sera pour la prochaine fois. Nos amis bretons ont un souci de gaz à Leknes. MacJP (alias Mac Gyver) finit par réparer tout ça après quelques jurons et un café d’anniversaire.
Sous la pluie, nous filons vers Narvik. Premier passage sous les caméras de l’AutoPass, le péage automatique norvégien. Ici, les péages servent à financer tunnels, ponts et routes. Et vu le terrain, on comprend pourquoi.
🚐 Récapitulatif des nuitées
24/07 : Knivskjellodden – Nordkapp : 4581,1 km
25/07 : Repvåg : 4689,1 km
26/07 : Olderdalen : 5041,6 km
27/07 : Lac Skallavatnet : 5465,9 km
28/07 : Eggum : 5739,6 km
29/07 : Vareid : 5853,9 km
30/07 : Narvik : 6185,1 km




.jpg)


Commentaires
Enregistrer un commentaire
Bonjour,
Merci pour votre commentaire, il sera publié une fois modéré.
Dominique