Retour à la normale qu'ils disaient !

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Cela fait déjà quelques semaines qu'il nous est autorisé de reprendre nos chemins de traverses. Pourtant la Reine des Neiges n'est pas encore prête à entonner son éternel refrain. L'été s'installe doucement laissant derrière lui les immondices d'une trop longue attente... Il y a ce sentiment de spoliation d'un printemps ensoleillé qui attise une colère enfouit au plus profond de son être. Elle ne s'exprimera pas, par peur d'un retour à une désespérante case départ... Nous pouvons lire, ici et là que nous "revenons à la normale". Voici une expression qui comme la fameuse "distanciation sociale" laisse pantois ! A-t-on créé cette distance entre soi et la réalité de notre société ? Cette tournure sémantique, empruntée au dramaturge Bertolt Bretch (1898-1956), désigne l'effet par lequel un acteur prend du recul sur son personnage afin d'obtenir un avis critique du public. L'évolution de la langue française passe parfois par des chemins insoupçonnés... 


Le retour à la normale est une forme de prise de conscience que chacun retourne à sa place suivant une pyramide bien établie. Que l'on soit français, yéménite, russe, américain, brésilien, indien, que l'on vive sur les bords des Champs Elysées ou sur les bords du Gange, en ville ou dans le désert, dans des quartiers chics ou défavorisés, chacun reprend sa vie normale, sa condition humaine. La charte morale que tout un chacun s'est promis d'accomplir vole en éclat en moins de temps qu'il n'a été nécessaire pour la rédiger. Un peu comme cette coutume d'un 31 décembre arrosé où l'on se promet pour l'année à venir de reprendre le sport ! Le sport ! On y revient toujours au sport ! Les "bonnes conscience" imaginent qu'il y a plus important, qu'il faut d'abord s'occuper du personnel médical, du monde paysan... Ceux là-même qui ont été au chevet de la France durant toute la crise...  S'occuper de l'un ne doit pas empêcher de prendre conscience que l'autre existe.

Shenia Minevskaja s'en va outre Rhin
Shenia Minevskaja prend la direction de Valcéa en Roumanie

Le sport est vecteur des valeurs affichées sur les frontons des mairies. Du reste, le sport va encore plus loin, il est le vecteur de cette promesse que le temps d'un entraînement, d'une rencontre officielle, d'un après match, vole en éclat l'appartenance à une caste délimitée par les lignes imaginaires que crée une inconsciente volonté de vouloir différencier et remplir des cases... La crise sanitaire que l'on traverse engendre la frustration de ne pouvoir aller au bout d'une compétition, d'un rêve. Certaines fédérations ne délivrent pas les accessits pourtant gagnés dans la sueur, les cris, les joies et les pleurs. La crise frustre le spectateur d'assister à une rencontre professionnelle, amateur ou simplement voir évoluer son enfant dans une école de sports. Sur le départ, le sportif, ne pouvant aller au bout de sa compétition, utilise les réseaux sociaux afin de redire l'attachement qui le lie à son club, à son public. C'est ainsi qu'il nous offre ses larmes dans un au revoir plein de promesses.

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