Open Brest Crédit Agricole 2018

Ouvrir la porte en la tenant fermement pour ne pas qu'elle grince. Pénétrer à pas feutrés dans le sanctuaire afin de ne pas se faire remarquer. Ecarquiller les yeux pour s'habituer à la lumière... Revivre les mêmes sensations que lorsque l'on se cachait, le soir, dans un coin sombre de la pièce pour regarder la télévision nouvellement arrivée. Il n'y avait qu'une chaîne, le tube cathodique n'affichait qu'un dégradé de gris. Les parents avaient senti la présence mais ne disaient rien, jouissant ainsi d'un moment privilégié. C'est cette sensation étrange que j'ai vécue pour cette quatrième édition de l'Open de Brest de tennis. La compétition compte pour le Challenger Tour, c'est dire que sur le cours il y a du beau monde. Nicolas Escudé, le directeur du tournoi, n'est pas peu fier de présenter pour l'occasion un plateau toujours plus ambitieux.


Le lexique utilisé par le staff et les bénévoles est le même qu'à Roland-Garros. Du reste certains arbitres et juges officient sur la terre battue parisienne. Deux générations de joueurs se côtoient tout au long du tournoi. Si l’expérience est souvent vécue comme un gage de sagesse qui aide à gravir les marches menant à la victoire, la nouvelle génération n'a laissé que des miettes aux plus titrés de nos champions. C'est, du reste le géant polonais de Wroclaw, Hubert Hurkazc, professionnel depuis trois ans qui s'impose face au lituanien Ričardas Berankis de sept ans son aîné ! Outre la compétition, la semaine de tennis brestoise a offert un moment de grande émotion. Pénètrent sur le central, des sportifs qui ont terminé leur carrière lorsque d'autres commençaient la leur. Un festival festif de revers et de coups ... parfois tordus, offerts par Younès El Aynaoui, Arnaud Clément, Mansour Bahrami, Pierre-Henry Mathieu avec au micro Nelson Monfort, a ravi un public de connaisseurs.


La semaine se termine, une nouvelle ligne est inscrite au palmarès de l'édition. Dans le double, les belges S. Gille et J. Vliegen, têtes de série numéro un, l'emportent sur l'indien L. Paes associé au mexicain M. Reyes-Varela. Les champions s'en vont vers de nouveaux horizons, d'autres cours. Il est possible à présent de s'en retourner, dire au revoir aux belles rencontres, aux dizaines de bénévoles. Refermer tout doucement la porte, la laisser grincer. Prendre le temps de savourer. Ressentir le frisson, attendre que le jour se lève sur un nouvel Open.