L'île de la maison cassée
Il y a un endroit que j’ai toujours aimé. Enfant, j’y passais des après-midis entiers, le cœur léger, à inventer des mondes, à courir dans les herbes folles et à écouter le vent raconter des histoires. La maison qui s’y dressait alors était en ruine — on disait qu’elle était « cassée ». Pour moi, c’était simple : je partais jouer sur « l’île de la maison cassée ».
Je me souviens encore du bruit des vagues contre les rochers, de l’odeur d’algues et de sel, du cri des mouettes dans le ciel. Ce lieu avait quelque chose de magique, comme s’il appartenait à un autre temps.
Les années ont passé, mais je retourne toujours au même endroit. C’est juste derrière le phare de l’île Wrac’h, à Plouguerneau. Là-bas, tout semble figé, comme si rien n’avait bougé depuis mes jeux d’enfant. J’y retrouve ce silence apaisant, ce mélange de vent, de lumière et de souvenirs.
À chaque visite, j’ai l’impression de retrouver un morceau de moi-même, resté là, quelque part entre les pierres et la mer. L’île me reconnaît, je crois. Et moi, je ne cesse de la retrouver.